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  • : Le blog de Jean-Pierre SILVESTRE
  • : Un regard décalé et humoristique sur les faits de Société. Des conclusions que vous ne trouverez nulle part ailleurs !
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  • J'ai 5 ans et je m'éclate au volant. Souriez !
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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 17:18

Dans les années soixante, je voyage en Allemagne.

Munich : Visite obligatoire à la célèbre brasserie où Hitler avait ses habitudes.

On n’y sert que de la bière en chopes d’un litre !

Les habitués les enfilent les unes derrière les autres !

Bien que ce breuvage ne soit pas très fort en alcool, l’atmosphère est loin d’être morose, vu les quantités ingurgitées …

Après la deuxième, je sens un besoin pressant m’envahir.

En entrant dans les toilettes de l’établissement, je vois, fixée au mur, une série de sanitaires ressemblant beaucoup à des urinoirs, des pissotières en langage populaire.

Petit problème : il faudrait mesurer au moins deux mètres cinquante pour en faire l’usage que vous savez !

Un Bavarois me renseigne : il n’est pas besoin de connaître l’allemand pour comprendre à quoi ça sert. Ça porte un nom à la consonance bien française : ‘’dégueuloir’’ …

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 17:10

En France, dans les années cinquante, on ne voyait aucun touriste allemand.

Ils s’étaient montrés trop nombreux, dix ans plus tôt, sans avoir été invités.

Ils éprouvaient une certaine retenue et n’osaient pas revenir dans un pays dont les habitants risquaient de leur manifester de l’hostilité.

En revanche, au cours d’un voyage en Espagne où l’on n’avait rien à leur reprocher, je constatais qu’ils étaient très présents.

Un autre voyage en Suisse, où ils pouvaient pénétrer sans passer par chez nous et qu’ils s’étaient gardés d’envahir en 1940, me permit d’en découvrir en quantité impressionnante.

Dans certains lieux touristiques, comme les chutes du Rhin de Schaffhouse, par exemple, les voitures allemandes étaient beaucoup plus nombreuses que les véhicules helvètes !

C’est à De Gaulle que nous devons la réconciliation avec nos voisins germaniques mais ce n’est qu’à partir des années soixante qu’ils commencèrent à revenir chez nous.

Les conséquences de la guerre, que ce soit sur les plans touristique, économique ou politique ont duré beaucoup plus longtemps que le conflit lui-même.

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 05:50

En 1963, j’ai participé à une enquête menée, exclusivement, auprès des habitants de l’îlot Saint-Blaise, un quartier du vingtième arrondissement de Paris.

Elle était réalisée par la CINAM, organisme semi-officiel, mandaté par la REGIE IMMOBILIERE DE LA VILLE DE PARIS.

Mes camarades et moi devions interroger la totalité des Chefs de famille habitant ce secteur.

Objectif : recueillir tous les éléments permettant d’évaluer les indemnités à verser aux occupants en fonction du confort de leur logement.

Ceci en vue de leur expulsion.

Ce quartier devant être rasé pour faire place au béton.

Il était constitué de vieux immeubles, quelques-uns très pittoresques.

Je me rappelle l’un d’eux situé juste en face de l’église Saint-Blaise.

Il était bâti autour d’une cour intérieure avec, en son centre, un puits très ancien couvert de fleurs.

De ces logements précaires, certains locataires fortunés avaient fait des nids douillets avec cuisine aménagée et salle de bains.

D’autres étaient des taudis.

Une loi avait été votée en 1914 pour protéger les femmes dont les maris étaient partis faire la guerre et ne touchaient plus de salaire.

Elle bloquait le montant des loyers.

Pour ceux qui étaient entrés dans les lieux depuis les années dix jusqu’aux années vingt, il s’élevait à 30 francs par mois, ou 3000 centimes ou encore 2,3 Euros si vous préférez.

Cette loi était toujours en vigueur dans les années soixante.

Quand le quartier fut électrifié, à une époque lointaine, les locataires bénéficiaient déjà d’un loyer modéré.

Certains propriétaires sollicitèrent le concours financier de leurs locataires pour les faire bénéficier de cette amélioration de leurs conditions de vie.

Ceux qui ne purent ou ne voulurent pas participer aux frais d’installation restèrent à l’écart du progrès.

Je me rappelle qu’en 1963 (longtemps après l‘époque de Zola), je fus reçu, certains soirs, par des gens qui s’éclairaient à la chandelle ou à la lumière d’une lampe à pétrole.

C’étaient souvent des personnes âgées qui touchaient ce qu’on appelait à l’époque ‘’la retraite des vieux’’ à peine de quoi ne pas mourir de faim. L’équivalent de ce que percevront bientôt les petits salaires, les précaires, les chômeurs lorsqu’ils auront atteint l’âge de la retraite s’ils continuent à élire des gens dont le projet politique est de réduire encore les revenus des plus pauvres

Finalement le projet de ‘’rénovation’’ de l’îlot Saint Blaise fut abandonné et le quartier restât en l’état.

Je ne sais pas ce qu’il est devenu depuis mais, avec la libéralisation du prix des loyers, les pauvres gens qui l’habitaient à l’époque ou leurs enfants sont probablement devenus SDF et/ou clients des restos du cœur.

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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 06:00

J’ai une fidèle lectrice que vous ne connaissez pas. Elle est abonnée à ma newsletter, elle lit tous mes articles depuis l’origine de mon blog et même avant… mais elle ne les a jamais agrémentés d’un commentaire. C’est ma sœur.

Comme nous habitons le même village, nous nous voyons souvent. De vive voix, elle m’a reproché d’avoir accusé notre père (dans un article récent) de ne pas m’avoir aimé.

Elle est dans le vrai, il m’aimait mais ne pouvait pas me supporter. Une bonne raison à cela : j’étais carrément insupportable !

Je dois lui rendre justice mais qui était-il ?

Enfant, il n’aimait pas l’école; il l’a quittée à douze ou treize ans pour entrer en apprentissage.

Son C.A.P. en poche, il s’est fait embaucher, sans difficulté, par un bijoutier londonien. En Angleterre, on appréciait beaucoup le travail des ouvriers français.

Il avait seize ans, nous étions en 1914. Je n’ai pas besoin de vous rappeler l’événement de cette année là. Nous n’étions pas nés mais l’avons tous conservé en mémoire.

L’année suivante, il a voulu s’engager pour participer à ce conflit qui ne s’appelait pas encore la première guerre mondiale. On ignorait qu’il y en aurait une seconde et la présente était réputée ‘’la der des der’’.

Vu son jeune âge, il a subi de nombreux tests et une visite médicale approfondie à l’issue desquels on lui a annoncé que, d’une part, il était bon pour le service et que, d’autre part, on ne pouvait pas l’embaucher parce qu’il n’était pas de nationalité britannique !

Il rentra en France où son engagement fut beaucoup plus facile.

Envoyé sur le front, il réchappa à la tuerie du ‘’Chemin des Dames’’ en 1917 mais, gazé, il fut réformé en 1919 avec des poumons très atteints

De retour à la vie civile, il resta en France et, après un intermède comme vendeur de papiers peints, il reprit son métier et se mit à son compte comme fabricant bijoutier joaillier.

Il atteignit bientôt le sommet de son art. Il acquit une renommée internationale. Dans le monde entier, il était considéré comme le plus grand des ‘’baguistes’’ Il fabriquait surtout des bagues. Ses clients : les grands joailliers de la place Vendôme ou ceux de La Havane et de New-York…

Enfant, on idéalise ses parents, avec l’âge, on les remet à leur place mais l’admiration que j’avais pour mon père ne s’est jamais démentie. Il avait une culture étendue, une conversation raffinée. Tous ceux qui l’approchaient le considéraient comme un grand bonhomme.

Il aurait dû faire fortune mais ça ne l’intéressait pas. Il consacrait une ou deux heures le matin à guider le travail de ses ouvriers et passait tous ses après-midi à son club de bridge. Il n’engageait que des sommes dérisoires, c’était pour le plaisir du jeu.

Adulte, j’étais devenu beaucoup plus fréquentable et pendant les dix dernières années de la vie de mon père nous avons partagé une grande complicité.

Il m’a fallu de longues années pour me remettre de sa disparition.

 

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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 05:45

Je n’ai jamais reçu de formation à l’enseignement. Je sais que, parmi mes lecteurs, il y a des spécialistes. J’espère ne pas dire de bêtises mais si je le fais, qu’ils n’hésitent pas à les relever et à me corriger. Avec douceur, si possible…

À différentes reprises, dans ma vie professionnelle, j’ai été amené à transmettre un savoir, avec des résultats contrastés en raison de mes carences éducatives.

Dans un article récent, je vous ai dit quelques mots de mon expérience à l’école Saint-Nicolas. Plus tard, je me suis intéressé au métier d’enquêteur de sondages que j’ai exercé et dont j’ai essayé d’expliquer la pratique à de très nombreux postulants.

Méconnaissant les règles d’un enseignement efficace, je m’étais fixé les miennes : m’exprimer clairement, sans hésitation, bannir les euh ! …, choisir des mots compréhensibles par tous, éliminer les tics de langage qu’ils soient à la mode ou non comme : eh bien… n’est-ce pas, effectivement et autres si vous voulez, répétés tous les trois mots, éviter les redites.

Sur ce dernier point, au moins, j’étais complètement à côté. L’enseignement est une longue patience, il ne faut pas craindre de répéter inlassablement. Les enquêteurs que je formais ne tardèrent pas à me le démontrer. Expliquer comment un travail doit être réalisé est insuffisant. Il faut, ensuite, le démontrer sur le terrain puis reprendre les explications. Si on se limite à la phase préliminaire, aussi longue soit-elle, la plupart des auditeurs n’en conserve que très peu de souvenirs.

Je suis intervenu, également, auprès d’autres publics comme dans un stage de trois mois pour des ‘’Créateurs d’Entreprises’’. Ma mission : comment réaliser leur propre étude de marché avant de fixer leur choix sur l’implantation de leur future société, comment estimer sa zone de chalandise, quelles personnes interroger, quelles questions poser, comment les formuler…

À l’issue de ce stage, il fallait procéder à une ‘’évaluation’’. Les participants devaient répondre à un questionnaire que j’avais élaboré et portant sur les sujets que j’avais évoqués.

Résultats décevants, beaucoup, parmi les stagiaires, n’avaient retenu qu’une partie de mon enseignement. J’en déduisis que j’aurais dû me limiter à l’essentiel et le répéter au fil de mes interventions.

Je dispensais mes cours surtout dans des Écoles de Commerce. J’expliquais les différentes formes d’études de marché, leurs objectifs. À cette occasion, j’appris aussi la difficulté de s’exprimer dans le calme sur un sujet qui n’intéresse pas ses interlocuteurs.

C’était dans l’une des plus prestigieuses écoles de commerce parisiennes. Je savais que la plupart des étudiants présents n’avaient pas pour ambition de faire carrière dans les études de marché mais j’avais une marotte, la qualité. Je leur expliquai l’intérêt, pour un donneur d’ordre, ce que, pour la plupart, ils deviendraient, de s’impliquer dans la réalisation du travail confié, d’en contrôler la bonne exécution. J’exposai comment les trop rares clients des instituts de sondages s’intéressant à la réalisation de leurs commandes pouvaient obtenir des résultats beaucoup plus fiables que ceux qui se désintéressaient de cette ‘’cuisine’’. Je leur dis qu’étant, moi-même, responsable d’un réseau d’enquêteurs, je déplorais le manque d’intérêt de la plupart des clients pour la façon dont on honorait leurs commandes. Seuls ceux, très rares, qui s’impliquaient dans cette réalisation permettaient de justifier les budgets consacrés à la formation et au contrôle du travail. Ils étaient beaucoup mieux servis que les autres. C’est pourquoi je ne voulais pas me limiter à l’exposé classique sur les différents types d’études de marché, leurs buts mais aussi comment elles devaient être réalisées et contrôlées.

Après ce préambule, j’entrais dans le vif du sujet. Au bout d’un moment, plusieurs des étudiants présents se mirent à discuter entre eux à mi-voix, me signifiant par-là que mes propos ne les concernaient pas et qu’ils ne s’y intéressaient pas.

Depuis le vestibule contigu à l’amphi, le Directeur de l’école avait tout entendu. Il était furieux. ‘’Comment des étudiants de ce niveau peuvent-ils être aussi immatures ?’’ Me dit-il après le cours.

Immatures ? Je crois que, sur ce plan, ils le sont restés même si, aujourd’hui, ils approchent de la quarantaine. Ils avaient un plan de carrière simple : devenir très rapidement directeur dans la boîte qui les embaucherait et finir pédégé d’une Entreprise du CAC 40.

Pour ce faire, un seul objectif : le profit et, surtout, ne pas s’embarrasser de fioritures genre recherche de qualité qui ne pouvait que le réduire. Si, dans leur futur emploi de directeur, ils s’y voyaient déjà, et par suite d’une étude de marché bâclée, un chef de produit prenait une mauvaise décision, ils le mettraient à la porte et le remplaceraient par un jeune beaucoup moins coûteux pour la Société.

Il était donc parfaitement inutile de s’intéresser à la qualité du travail de ce genre de fournisseur et, sans doute, celle de beaucoup d’autres.

Si, dans un conseil d’administration, un actionnaire naïf - deux termes antinomiques, un oxymore ! ça n’existe pas ! - mais j’imagine qu’un administrateur extraterrestre, c’est tout aussi crédible, demande au pédégé s’il s’est penché sur la qualité des produits fabriqués par l’Entreprise. Il provoquerait l’hilarité générale ! Dans ce genre de réunion, on parle gros sous et jamais de rien d’autre.

Qu’il s’agisse de services ou de produits manufacturés, l’essentiel est un aspect soigné dissimulant les erreurs et négligences de fabrication. Celles-ci rendant l’article destiné au grand public rapidement inutilisable mais, de préférence, après la période de garantie afin de contraindre son propriétaire à un nouvel achat ce qui est tout bénéfice pour le fabricant.

Naguère, certaines Sociétés basaient leur notoriété sur la qualité de leurs produits. Elles ont toutes disparu, elles n’étaient pas concurrentielles.

Pour les étudiants de haut niveau d’aujourd’hui, cette façon d’envisager une carrière professionnelle - exclusivement tournée vers la recherche du profit maximum - est de plus en plus répandue.

Une évolution irrémédiable de notre Société ?

 

à Mademoiselle F. de C.

 

 

 

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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 22:34

Un métier méconnu et difficile. Il a beaucoup évolué; aujourd’hui, la majorité des sondages est réalisée par téléphone mais les enquêtes au porte à porte existent toujours..

Avant cette évolution, j’avais imaginé une formation au travail d’enquêteur à domicile mais, avant de vous en parler, je vais vous décrire brièvement ce dur métier.

Quand vous ouvrez votre huis à un inconnu, vous vous posez certaines questions : ‘’ Que me veut-il ? ‘’ ‘’ Qu’est-ce qu’il vend ? ‘’ ‘’ Comment va-t-il essayer de me soutirer de l’argent ? ‘’ ‘’ Ne vient-il pas repérer les lieux pour un cambriolage ? ‘’ ‘’ Si je le fais entrer, ne va-t-il pas essayer de me trucider ? ‘’ Toutes questions qui restent sans réponses, ce qui ne vous incite pas à l’accueil de votre visiteur.

Sachez que le choc traumatique que vous éprouvez à ce moment-là n’est rien à côté de celui de votre interlocuteur : ‘’ Comment va-t-on m’accueillir ? ‘’ ‘’ Vais-je me faire refouler par un poivrot agressif ? ‘’ ‘’ Ne va-t-on pas me claquer la porte au nez ? ‘’. Toutes réflexions qui, ajoutées à la difficulté du choix de chaque enquêté, règles de recherche très contraignantes, rendent ce métier impossible à réaliser par la quasi-totalité de ceux qui l’entreprennent.

Chaque échec est ressenti comme une défaite personnelle qui, souvent, met un terme à une journée de galère qui ne sera pas suivie d’une autre…

De plus, les commerciaux qui vendent les services de l’Institut de sondages se font payer à la question donc, plus le questionnaire est long, plus ils engrangent de pognon mais l’enquêteur doit mener un entretien dépassant parfois quatre-vingt-dix minutes, s’il est conduit correctement, c’est quasiment impossible !

Longtemps, j’ai recruté des apprentis enquêteurs. Sur cent candidats, soixante-dix à quatre-vingts abandonnent, découragés, dès la première série d’enquêtes. Les vingt à trente restants persistent en bidonnant, même après une formation minimale.

Il y a plusieurs formes de bidon, depuis le partiel qui consiste à poser seulement une partie des questions, le reste étant rempli en relecture à la maison, jusqu’à l’intégral. Les virtuoses du bidon partiel parviennent à réduire à quelques minutes un entretien devant durer, normalement, plus d’une heure. Les adeptes du bidon intégral doivent faire preuve de beaucoup d’imagination en variant les réponses de leurs pseudo-enquêtés tout en parvenant à une certaine cohérence…

Mais il y a un autre problème: les noms et adresses des personnes interrogées doivent figurer sur le questionnaire (ou sur une feuille à part pour les sondages politiques.) Comment faire s’ils sont totalement fictifs ?

Rien de plus simple, la méthode la plus couramment utilisée consiste à relever des noms sur les boîtes aux lettres et de les agrémenter de leur adresse réelle. Les plus flemmards parmi ces ‘’enquêteurs’’ se contentent de l’annuaire téléphonique ce qui leur évite des déplacements inutiles et fastidieux.

Les contrôles n’étant pas systématiques, les bidonneurs parviennent, généralement, à se faire payer deux ou trois séries d’enquêtes avant d’être démasqués et virés sans indemnité ni pénalité. Ça donne l’idée à certains de se présenter, successivement, dans tous les autres instituts, ils sont nombreux. Les plus culottés faisant même état de leur ‘’expérience professionnelle’’ dans des sociétés renommées en oubliant de préciser qu’ils en ont été exclus pour bidon… Beaucoup, parmi les petits instituts ignorant tout des techniques de contrôle et ‘’faisant confiance’’ certains ont pu, ainsi, mener une longue carrière ‘’d’enquêteur’’ sans jamais mettre les pieds sur le terrain !

Mais, me direz-vous, il existe bien des gens qui font leur travail correctement !

Sans doute mais en l’absence d’une réelle formation, il leur a fallu beaucoup de persévérance et de ténacité avant de parvenir à maîtriser les techniques propres à la réalisation convenable de leur mission dans des conditions de confort satisfaisantes pour eux-mêmes.

Beaucoup ont trouvé des astuces pour réduire les difficultés comme la panelisation, c’est à dire la constitution d’un fichier de gens qui vous ont bien accueilli. C’est strictement interdit mais ça permet, d’une part, d’éviter le contact avec des inconnus, toujours traumatisant et, d’autre part, d’ajuster facilement ses quotas puisqu’on a relevé aussi leurs âges et professions.

Une facilité qui ouvre parfois la porte à des déviations encore plus graves : les enquêtés finissant par se lasser de ces questionnaires à répétition, un petit coup de fil peut remplacer une visite ‘’Si on vous demande quelque chose, je vous ai posé un questionnaire de quarante cinq minutes sur le chocolat !’’

Les techniques propres à l’exercice convenable de ce métier, je les ai exposées, agrémentées d’anecdotes, dans un bouquin. Un mélange des genres qui a déplu à Dunod, éditeur pressenti. Il m’a demandé certaines modifications que je n’ai pas faites… Et le manuscrit a rejoint le fond d’un tiroir d’où il n’est plus ressorti.

 

 

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 05:02

Jeune homme, j’ai été employé par l’École Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux.

Gérée par des ‘’Frères’’, elle était réputée pour la rigueur de sa discipline.

Les élèves, tous pensionnaires, avaient deux origines. Une minorité était issue de parents cathos qui voulaient une éducation religieuse pour leur fils. Les autres étaient, pour la plupart, en situation d’échec scolaire. Ils avaient été renvoyés de tous les autres établissements d’Ile de France et leurs parents les avaient placés là en désespoir de cause.

Il y avait des cancres patentés, des attardés, des demeurés, des inadaptés scolaires.

Parmi ces derniers, peut-être quelques surdoués mais l’époque ne s’intéressait pas à ce type d’individus, n’essayait pas de les détecter encore moins de leur offrir une aide psychologique ou une scolarité adaptée.

Officiellement, j’avais été embauché comme surveillant, officieusement, outre les fonctions de surveillance, j’assurais les cours de français, d’histoire et de géographie pour une classe de septième.

Il y avait quatre septièmes, la septième D rassemblait des enfants de neuf à dix ans, l’âge normal. En septième C, ils avaient onze ans. En septième B 12 ans et en septième A 13 ans et plus.

Mes élèves avaient douze ans, un collègue leur enseignait les mathématiques et les sciences naturelles.

La qualité de l’enseignement dispensé ne faisait pas partie des préoccupations premières de nos employeurs.

Je me souviens qu’un jour, pendant une récréation, je remontais le couloir vitré qui longeait les salles de classe. Dans l’une d’elle, je vis un collègue chargé de l’enseignement du français en huitième. Il venait d’écrire cette phrase sur le tableau noir : ‘’L’élève tombe le crayon’’. J’entrais dans sa classe : ‘’ Pourquoi as-tu écris ça ? ‘’ Réponse : ‘’ Je prépare mon cours sur le complément d’objet direct…’’. Je crois qu’il n’a pas bien compris mon explication sur l’intransitivité du verbe tomber. Remarquez, aujourd’hui, on dit bien ’’tomber la chemise’’ alors pourquoi pas le crayon ! L’auteur de cette phrase innovante était sûrement un précurseur dans le domaine de la linguistique…

Mes cinquante-deux élèves n’étaient pas non plus motivés par l’acquisition de connaissances. Leur objectif principal : pourrir au maximum la vie de leur prof. Sur une heure d’enseignement, il fallait en consacrer les trois-quarts à la discipline

Outre les heures de cours que, mon collègue et moi, devions assurer tout au long de l’année scolaire, nous nous partagions la surveillance de nos élèves, 24 heures sur 24, pendant une semaine pour l’un, la même chose la semaine suivante pour l’autre et ainsi de suite.

Les enfants dormaient dans un dortoir à l’ancienne avec, au centre, le lit du surveillant surmonté d’un baldaquin d’où descendaient des rideaux censés préserver son intimité.

Le jeudi était jour de sortie. En rangs par quatre et en silence jusqu’au moment où il fallait entonner le chant rituel : ‘’Un kilomètre à pied, ça use, ça use, un kilomètre à pied ça use les souliers. Deux kilomètres à pied, ça use, ça use…etc.’’ Vous connaissez la suite.

Le dimanche n’était pas entièrement chômé, il fallait accompagner les enfants à la messe célébrée dans la chapelle interne à l’établissement et en observer le rituel, une corvée pour le mécréant que j’étais.

Certains congés scolaires permettaient aux élèves d’aller passer quelques jours dans leur famille. Les ‘’surveillants’’ n’étaient pas, pour autant, libérés de leurs tâches. Il fallait contrôler l’exécution des pensums infligés aux ’’collés’’ privés de sortie, toujours les mêmes, les plus durs.

Il fallait également essayer de distraire ceux que leurs parents avaient oubliés de venir chercher, souvent les mêmes aussi.

On pouvait lire le désarroi, la détresse dans le regard de ces pauvres gosses.

Une précision : Tout ce que je viens de vous raconter ne se passait au 19ème siècle mais dans la seconde moitié du vingtième.

 

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 22:20

J’ai séjourné un an dans cette bourgade . Peut-être la meilleure année de mon existence.

A dix ans, j’avais été victime d’un petit accident pulmonaire. Les médecins recommandèrent à mes parents d’envoyer le petit parisien que j’étais faire un long séjour à la campagne pour profiter de son bon air. À l’époque, les antibiotiques n’étaient pas d’usage courant.

Après cinquante ans de catholicisme non pratiqué, ma grand-mère paternelle s’était convertie, soudainement, à un protestantisme militant.

Habitant Versailles, elle était au contact du responsable de l’église réformée locale, le pasteur Trocmée.

Elle lui avait parlé de l’embarras de mes parents devant le choix d’un point de chute pour m’envoyer respirer le grand air. Il lui avait recommandé une adresse au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire. Je m’étais donc retrouvé dans ce qu’on appelait, à l’époque, un ‘’home d’enfants’’ avec une douzaine de compagnons, filles et garçons.

Il s’agissait d’une vaste demeure, au milieu des bois. Deux grandes pièces servaient de dortoir, l’un pour les filles, l’autre pour les garçons.

Je n’ai que de bons souvenirs de mon séjour. Je jouais aux billes, à la guerre de tranchées dans un éboulis où j‘avais creusé mon trou. L’hiver, je faisais de la luge, l’été aussi, sur des pentes herbeuses non autorisées. Mon véhicule fut bientôt réduit à l’état de petit bois.

Avec des copains, je jouais au foot, sur un court de tennis en terre battue. Nous ne nous préoccupions pas des faux rebonds que notre activité vaudrait à ceux qui nous succéderaient afin d’y pratiquer son sport de destination.

Un jour, je détournais le cours d’un petit ruisseau, simplement pour voir où il se déverserait. Il se dirigea, sournoisement, vers un pavillon inoccupé qui fut très correctement inondé.

Bref, je me livrais aux distractions des gamins de mon âge.

Réputé catholique, je devais assister à la messe dominicale parmi une quinzaine de fidèles, jamais plus, alors qu’ils se rendaient par centaines à l’office célébré au temple voisin. Comme dans la plupart des localités de la région, les habitants du Chambon étaient et sont, probablement toujours, protestants à plus de 90%.

J’avais le sentiment désagréable de faire partie d’une minorité ethnique mais, dans l’ensemble, je conserve un excellent souvenir de ce séjour.

Trente ans plus tard, je consultais un magazine de télévision. Le dimanche matin était consacré aux émissions religieuses. En général, je ne m’y attardais pas; ce genre de programme ne me passionnant guère mais, ce jour là, mon regard fut attiré par la mention du Chambon-sur-Lignon. Ce ’’petit village’’ comme on dit maintenant des villes jusqu’à dix mille habitants ! était l’objet d’un reportage réalisé pour le culte protestant qui disposait d’un créneau dans les émissions religieuses du dimanche matin.

Je décidais de le regarder et j’appris que beaucoup, parmi les trois mille Chambonnais, avaient caché, pendant la guerre, des enfants juifs pour les soustraire aux prédateurs nazis et à leurs alliés vichystes.

Le journaliste s’était contenté d’interroger deux ou trois fermiers qui avaient contribué à cette œuvre de sauvegarde, de la vie des enfants d’une part , de l’honneur des Français d’autre part mais je crois que d’autres, restés dans l’anonymat, y avaient participé.

Depuis, une question me taraude : les structures dont j’avais bénéficié n’avaient-elles pas été mises en œuvre, quelques années plus tôt, pour accueillir des enfants juifs ?

Il est trop tard pour remercier ceux qui, au péril de leur vie, ont sauvé l’espèce humaine d’une totale déchéance. Ce n’est pas une raison pour ne pas honorer leur mémoire. Encore faudrait-il se préoccuper de les identifier. Les survivants de cette époque pourraient le faire. Je lance un appel aux Chambonnais ( et aux autres) qui pourraient avoir des informations.

En ce qui concerne mon lieu d’accueil voici les souvenirs que j’ai conservés :

La directrice et propriétaire était, à mes yeux de garçonnet, une ‘’vieille dame’’. Elle devait avoir cinquante ans ! Elle se nommait Mademoiselle Pellenc.

Pour s’occuper des enfants, elle était assistée par une jeune fille d’une vingtaine d’années au prénom original, Idelette Cadier était fille de pasteur.

Je ne me rappelle pas l’identité de tous mes compagnons mais il y avait une fille du nom de Deslys. Son prénom ? Peut-être Marie-Hélène…

Hubert Latune

était le fils du patron des Papeteries Johannot à Annonay

Deux frères, Luc et Éric Baumgartner étaient les petits-fils du pasteur Bœgner, une sommité mondiale du protestantisme.

Merci à tous ceux dont les souvenirs pourront m’éclairer.

 

 

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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 23:36

Dans ‘’ Mes Professeurs 1 & 2 ‘’ j’ai ébauché le portrait de certains des Enseignants qui tentèrent de m’inculquer une partie de leur savoir. C’était pour les classes de sixième, cinquième, quatrième.

Je ne vous ai pas parlé de ceux qui, en troisième, furent chargés de leur difficile succession. Je les ai totalement oubliés pour plusieurs raisons dont une, tragique.

C’était un vendredi, le Professeur de français nous lut ‘’ La ballade des pendus ‘’ de François Villon puis il nous demanda de commenter ce poème.

Le lundi suivant, le Proviseur nous attendait, dans la salle de classe, à notre entrée en cours. Il nous fit une brève déclaration : ‘’ Vous ne reverrez pas votre camarade C…Ses parents l’ont trouvé pendu dans un débarras"

La polémique enfla chez les parents d’élèves : Était-il judicieux d’utiliser ce texte, considéré par tousà l'origine de la funeste décision de cet enfant, comme base de travail auprès d’adolescents, fragiles par essence ? Le Professeur était mis en cause. Les reproches tournèrent court, il n’avait fait que suivre le programme…

Le lundi suivant, le Proviseur nous attendait encore : ‘’ Vous ne reverrez pas votre camarade D…au cours d’une baignade, il s’est noyé dans la Marne à Chelles ‘’

Nous étions effondrés, qui serait la prochaine victime ? Une malédiction s'était abattue sur notre classe, pensions nous.

Heureusement, cette horrible série s’arrêta là.

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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 23:53

Monsieur LOP , prof de dessin, était le frère de Ferdinand LOP. Un personnage totalement oublié aujourd’hui mais qui était célèbre à l’époque. Je reprends sa biographie :

‘’Ferdinand LOP…enseignant, poète et éditeur connu surtout pour sa candidature perpétuelle aux élections présidentielles’’

Il préconisait ‘’l’extinction du paupérisme à partir de dix heures du soir’’ et ‘’l’octroi d’une pension à la femme du soldat inconnu’’ entre autres fariboles.

Son frère, mon prof de dessin, était tout aussi original mais il avait un sens de l’humour beaucoup moins développé. Il allait bientôt me le prouver…

Sur son bureau, il y avait une grande cruche pleine d’eau. Nous allions, à tour de rôle, y remplir un petit récipient individuel pour réaliser des travaux de peinture.

L’un de mes camarades avait apporté du carbure dans le but de le verser dans la cruche du prof. Plongé dans l’eau, le carbure provoque une effervescence à côté de laquelle on peut comparer l’action d’un tube entier de comprimés d’aspirine à un léger frémissement.

Seulement mon copain, pourvoyeur de carbure, s’était dégonflé et, juste avant d’entrer dans la salle de cours, il cherchait quelqu’un pour suppléer à sa carence.

Je m’étais immédiatement porté volontaire et c’est moi qui avais versé le carbure dans la cruche..

Dès le lendemain, je fus convié, en compagnie de mon père, à faire une visite au Proviseur qui me dispensa, pendant huit jours, de toute contrainte scolaire.

Monsieur Louis LAFFITTE, professeur d’anglais, était beaucoup plus connu sous son nom de guerre - Il avait été Résistant - il continuait à l’utiliser pour signer ses œuvres littéraires, il finira à l’Académie française. Jean-Louis CURTIS, c’était son pseudo, venait d’être couronné par les Goncourt pour son premier roman : ‘’Les Forêts de la nuit’’. Je lui apportais pour une dédicace.

Il écrivit : ‘’ A mon jeune élève, Silvestre, qui lira ce livre plus tard’’. Beaucoup plus tard… Je l’ai toujours mais je ne l’ai pas encore lu…je vous ai déjà entretenu de mon aversion pour les romans…

Jean-Louis CURTIS était un bon prof et ce n’est pas sa faute si mes connaissances en anglais me laissent encore dubitatif si l’on me demande de traduire : ‘’ My Taylor is rich ‘’ ou ‘’Jack is a boy’’ par exemple…

 

 

 

 

 

 

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