Bien que Francilien de naissance, je ne me suis jamais accoutumé à la vie parisienne et j’ai toujours rêvé de me retirer à la campagne.
Mais j’avais un autre projet : restaurer une vieille maison.
J’ai trouvé le lieu de mes rêves : un ancien relais de poste en piteux état situé dans un village où je n’étais pas connu.
Je l’ai acquis pour une bouchée de pain, tout le village le savait et pensait que j’étais sans le sou, un modeste retraité
Ça ne me dérangeait pas mais j’ai très vite compris que même pour des gens impécunieux - ce qu’étaient tous ceux qui traînaient dans les bistrots du village et bâtissaient les réputations - n’étaient respectables que ceux qui avaient beaucoup de pognon, les autres - dont ils faisaient partie - étaient quantité négligeable, peu dignes de considération
J’ai appris ainsi que le fric est l’élément primordial de respectabilité ; peu importe la façon dont il a été acquis, les gens ne s’y intéressent pas, l’important c’est d’en avoir et de l’étaler.
Après dix ans de travaux, j’ai rangé tournevis et marteau pour me consacrer à autre chose mais ma vieille maison a toujours besoin d’entretien.
Je fais appel à des artisans dont les camionnettes stationnent fréquemment devant chez moi. C’est, sans doute, que j’ai les moyens de les payer, si je ne le faisais pas ça se saurait très vite et aucun ne travaillerait plus pour moi.
Je suis devenu respectable aux yeux de ceux qui me méprisaient.
Pas encore un notable mais presque…