On n’est pas très exigeant sur les qualités requises pour être commentateur à la télé :
Il faut parler un français correct.
Ne pas commettre de fautes de syntaxe.
Ne bafouiller qu’exceptionnellement.
Faire les liaisons entre les mots.
Lire son prompteur en mettant les intonations.
Avoir un minimum de connaissances en géographie :
Savoir, par exemple, que la Malaisie est habitée par les Malais qui s’expriment en malais et non par des « Malaisiens» qui parleraient une langue « malaisienne ».
Savoir qu’en France les noms des villes doivent être cités, c’est l’usage, comme le font leurs habitants, même si ça ne se prononce pas toujours comme ça s’écrit; ainsi les Messins ne prononcent pas le « tz » de leur ville Metz mais ils disent : « Messe ». On doit faire comme eux.
La ville de Riom, en Auvergne, se prononce « Rion » et non « Riomme ».
Les chroniqueurs hippiques doivent savoir, lorsqu’ils relatent une course se déroulant sur l’hippodrome d’Enghien-les-Bains, qu’il faut dire « Engain » et non « Enguien ».
Les journalistes, relégués à la circulation, savent qu’on ne quitte pas Paris en passant par la « Porte de Briançon » mais par la « Porte Brancion »
Le commentateur appelé à intervenir en direct, loin des studios, donc sans le secours d’un prompteur, a
appris à se concentrer suffisamment sur son sujet pour ne pas parsemer son discours de “euh...” peu propices à soutenir l’intérêt des téléspectateurs. Il a banni de son vocabulaire les mots et expressions qui ne veulent rien dire, même s’ils sont à la mode : les “effectivement” les “eh bien” les “si vous voulez”les “n’est-ce-pas” les “j’veux dire” qui pollueraient son langage et, répétés trop souvent, ne feraient que brouiller l’attention de l’auditeur qui finirait par décrocher. Une expression claire et précise étant seule susceptible de permettre la concentration du téléspectateur sur le sujet traité.
Certains novices imaginent que pour “faire vrai” il faut imiter les approximations, les hésitations, les imperfections de la conversation courante; ce qui relève de la puérilité, de l’inexpérience, de la naïveté et, surtout, de lacunes dans la formation professionnelle dont un présentateur télé ne saurait être soupçonné.
Le journaliste sportif, qui s’adresse à un public particulièrement « à cheval » sur le bon usage de la langue française, se doit de pratiquer un langage châtié.
Il n’utilise un anglicisme que si aucun mot ne lui permet d’exprimer sa pensée en bon français.
Et, dans ce cas, les souvenirs qu’il a conservé des cours d’anglais reçus à son entrée au collège, en sixième, lui permettent d’éviter de dire « les recordman » pour désigner les détenteurs de records, surtout s’il s’agit ,de sportives !
Il dira, bien sûr, les « recordmen » pour les garçons, les « recordwomen » pour les filles.-
Les interviouveurs utilisent toutes les ressources de leur métier pour mettre en valeur leur invité et ce qu’il est venu dire.
Ils se gardent de l’utiliser comme faire-valoir de leur propre ego.
Ils ne lui coupent pas, sans cesse, la parole pour affirmer leur opinion personnelle et démontrer leur talent oratoire.
Les animateurs de jeux laissent leur morgue au vestiaire.
Ils ignorent la fatuité et la suffisance.
Ils n’essaient pas d’écraser leurs collègues de plateau de la supériorité qu’ils sont persuadés détenir, mais que les vicissitudes de l’existence les ont contraints à abdiquer temporairement pour les conduire à accepter un travail indigne de leurs compétences, pour faire plaisir à la production et répondre à l’enthousiasme des foules.
S’il s’agit d’un jeu faisant appel aux connaissances des candidats, l’animateur est au moins aussi instruit qu’eux.
Il se garde d’utiliser toujours les mêmes ficelles, de faire les mêmes jeux de mots et les mêmes plaisanteries douteuses.
Si, dans les descriptions ci-dessus, vous avez reconnu certains intervenants vus et entendus à la télé, vous êtes vraiment….très indulgent ! A moins que vous n’ayez compris qu’il s’agit de portraits en négatif !
Mais peu importe, l’essentiel étant de participer et de plaire à un public majoritairement peu exigeant, il n’est pas nécessaire, pour réussir, de cumuler les qualités dont la possession paraît être à la base de ce métier pour un observateur un tant soit peu critique.
Certains revenus mirobolants en témoignent.
ooOoo
Aujourd’hui, en regardant la télé, j’ai entendu une belle ânerie.
On m’objectera que ça n’a rien d’exceptionnel, qu’il suffit d’allumer son poste, chaque jour, pour récolter un lot de bêtises !
Oui mais celle-ci risque de se propager, reprise par les ignorants, les fats et les pédants, à moins qu’il ne s’agisse de pédants fats et ignorants qui s’empressent de colporter les nouveautés et de les mettre à la mode.
Le présentateur du journal dont je tairai le nom par charité athée - Ben oui ! Pourquoi les Chrétiens auraient-ils l’exclusivité de la charité ? - Ce journaliste, donc, nous a dit ceci :
« Un million de chômeurs a disparu des statistiques de l’A.N.P.E.. » .
Jusqu’ici, j’ignorais que le million était une unité de mesure ou une entité et, pour moi, à partir de deux unités le pluriel s’imposait !
Je suggère à ce Monsieur d’offrir sa place à l’un de ces exclus, ce qui lui permettra de rectifier son propos en disant : « 999.999 chômeurs ont disparu…. » car malgré la réduction de l’effectif, le pluriel est encore de mise !
Le journaliste pourra ensuite faire don de sa personne à la statistique afin qu’elle soit, à nouveau, exprimée en chiffre rond .
ooOoo
Une nouveauté à la télé : au cours des émissions-débats, les téléspectateurs sont invités à envoyer des messages.
Ces « S.M.S.» aussitôt transcrits, défilent, sous forme d’une bande continue, en bas de l’écran, tandis que les invités continuent à discuter.
Faut-il les écouter ou lire le texte ? Sachant que si on tente de faire les deux, simultanément, on ne comprend rien ni à ce qu’on lit ni à ce qu’on entend.
Les initiateurs de ce nouveau concept participent ainsi, activement, à l’accroissement du nombre des gens qui, d’une façon générale, ne comprennent pas plus ce qu’ils lisent qu’ils n’écoutent ce qu’ils entendent.
ooOoo