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  • : Le blog de Jean-Pierre SILVESTRE
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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 00:06

PREAMBULE

Si je vous dit que je n’ai jamais participé à des forages géologiques, vous aurez compris à quelle profession je fais allusion.

Je vous ai infligé mes billets d’humeur, mes coups de cœur et des textes inspirés par mes délires !

Changement de programme : les quelques articles qui suivent sont les relations de faits avérés avec le plus de véracité et d’objectivité possible

 

D E  L’U T I L I T E  D E S  S O N D A G E S  D’O P I N I O N

LA SOFRES

 

En ce début d’année 1965, Gaston DEFFERRE, maire de MARSEILLE, s’était laissé convaincre, par ses amis politiques, de faire acte de candidature aux élections, pour la première fois au suffrage universel,à la Présidence de la République.

Il ne croyait pas en ses chances de battre le candidat sortant, Charles DE GAULLE, et tenait avant tout à conserver sa mairie.

Les hiérarques de l’U.N.R. ne l’entendaient pas de cette oreille; ils voulaient éviter à leur candidat, DE GAULLE, de courir le moindre risque.

Les élections municipales précédant de quelques mois les présidentielles, déposséder DEFFERRE de sa mairie leur parut le meilleur moyen de le déconsidérer. Battu aux municipales, celui-ci aurait eu mauvaise mine face à DE GAULLE.

Ils investirent à Marseille un candidat de choc, un certain Joseph COMITI, Corse d’origine, le munirent d’un viatique très important et d’un blanc-seing pour entreprendre toutes les actions utiles dans le cadre de la campagne électorale qui débutait, voire un peu en dehors...

DEFFERRE s’inquiéta et s’ouvrit de ses craintes à un ami, Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER qui avait un autre ami, Pierre WEILL, jeune directeur d’études à la SOFRES dont il deviendra, plus tard, Pédégé tant il se montrera habile à dégager tous ceux qui le précédaient dans la hiérarchie.

Créée en 1962, la SOFRES, SOciété FRançaise d’Enquêtes par Sondages, était rapidement devenue la plus importante Entreprise française du genre. C’était la troisième société d’études de marché par le chiffre d’affaires devancée par NIELSEN et CECODIS mais ces deux dernières Entreprises ne réalisaient pas d’enquêtes dites « ad hoc » elles étaient spécialisées dans la gestion de panels.

La SOFRES était totalement inconnue du grand public car elle n’avait jamais réalisé de sondage politique publié ou non.

Cette activité a toujours été marginale pour les Instituts qui la pratiquent, mais ceux réalisés pour la Presse, dans un but de publication, établissent leur notoriété.

L’occasion était fournie à la SOFRES de mettre un pied dans les sondages politiques avec un solide budget.

Une partie de son « terrain », directeur en tête, prend ses quartiers à Marseille. Je fais partie de l’expédition.

Dans l’hôtel où nous avons établi notre Q.G., nous sommes accueillis par deux flics des Renseignements Généraux.

Ils avaient eu vent de l’opération et voulaient en connaître tout les tenants et aboutissants.

Ils repartent bredouilles et nous commençons notre travail.

Il comporte deux parties distinctes :

Une demi-douzaine d’enquêteurs de motivation, professionnels, est chargée d’interroger, en profondeur, quelques électeurs afin de s’enquérir de leur opinion, leurs critiques des élus locaux, leurs desiderata.

Par exemple, plusieurs habitants d’un quartier se plaignent du vacarme matutinal provoqué par la manipulation, sans excès de précaution, par les éboueurs, des poubelles en ferraille fournies par la mairie.

Deux jours après la remise de cette information au client, les fameuses poubelles en ferraille se transforment, miraculeusement, en poubelles en caoutchouc dont le bruit feutré ne réveille plus les habitants - et électeurs - du quartier concerné.

Pour la seconde partie de la mission, nous avions recruté cinquante personnes parmi les chômeurs marseillais déjà nombreux à l’époque.

Après une “formation” de deux heures au difficile métier d’enquêteur, ils sont munis de questionnaires, de « bulletins de vote » et d’une urne en carton, ils doivent visiter des adresses prélevées sur la liste électorale obligeamment communiquées par la mairie, afin de poser à ces électeurs des questions sur leurs préférences politiques, puis de les faire voter à blanc en glissant dans l’urne le bulletin correspondant au candidat qu’ils prévoient de choisir le jour du scrutin réel.

Tous les matins, ils rapportent le résultat de leur travail de la veille et repartent sur de nouvelles adresses.

Tous les jours, je reprends les listes exploitées par deux de ces enquêteurs, les questionnaires réalisés et revisite les personnes interrogées le jour précédent.

Je ne me rappelle pas en avoir rencontré une seule qui se souvînt d’avoir reçu une visite et, encore moins, d’avoir répondu à un questionnaire ni glissé un bulletin dans une urne

Il faut bien reconnaître qu’il était beaucoup plus confortable de rédiger les réponses tranquillement, chez soi, au coin du feu, sans oublier de remplir l’urne avec un nombre de bulletins correspondant à celui des questionnaires, plutôt que d’affronter, en ce mois d’avril, un mistral glacial en allant tirer les sonnettes de Marseillais qui, contrairement à une idée reçue, ne font pas partie des populations les plus accueillantes.

Chaque matin, l’équipe se voit amputée de deux de ses membres, éliminés pour ….disons travail insuffisant…

Je n’eus pas le loisir de contrôler tout le monde pendant les délais impartis pour l’enquête, mais elle se termina avec des effectifs fortement réduits.

Je n’avais pas de droit de regard sur les statistiques élaborées à partir de cette étude. ni sur leur mode de fabrication. Elles étaient remises chaque jour, en mains propres, à Gaston DEFFERRE lui-même.

Je crois savoir qu’elles le rassurèrent sur son avenir municipal et, de fait, il fut réélu sans problème.

Mais il avait senti le vent du boulet et, pour les présidentielles qui suivirent, il préféra laisser la place à François MITTERRAND.

Contre toute attente, ce dernier mit DE GAULLE en ballottage, ce qui réveilla les ambitions de DEFFERRE. Il se présentera en 1969 contre POMPIDOU. Mais ceci est une autre histoire…

Quant à la SOFRES, elle avait réussi son test dans les sondages politiques dont elle fera, dorénavant, l’une de ses spécialités.

 

 

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commentaires

C
E-di-fiant!Bonne semaine à vous
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M
Le bel instrument de pouvoir que voilà!<br /> Bonne soirée
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