J’aime les maisons, les vieilles maisons. Les pavillons de banlieue sont indispensables mais dépourvus d’âme
Je déambule parfois dans un village ancien. Ses constructions les plus récentes remontent aux années de l’immédiate après-guerre. Elles ont de grandes fenêtres. On sent que leurs premiers habitants voulaient se libérer de l’étouffement de l’occupation nazie.
Il y a les petites maisons des années trente. Elles se veulent bourgeoises comme leurs premiers occupants qui voulaient affirmer leur ascension sociale. Ils y vécurent heureux en les entretenant soigneusement.
Aujourd’hui, les balustrades sont rouillées. Les héritiers ont d’autres soucis que leur entretien à moins qu’ils ne les louent à des familles aux revenus modestes.
Plus loin, une grande bâtisse au milieu d’un parc. J’imagine une ribambelle d’enfants s’y livrant à des jeux innocents à la fin du 19ème siècle. Combien survivront à la grande tuerie de 14-18 ?
Près du centre du village, il y a de vieilles maisons ouvrières sans style. Leurs murs sont lépreux, elles ont de petites ouvertures.
L’autre jour, s’encadrant dans une fenêtre du deuxième étage, j’ai vu une jeune femme, coiffée d’un fichu, vêtue d’habits sans âge, elle faisait son ménage. Je l’ai prise pour un personnage de Zola.
Toutes ces maisons, pauvres ou riches, m’inspirent des réflexions, vraies ou fausses, sur leurs habitants, passés ou actuels.
Ces visions sont le produit de mon imagination mais il m’est impossible de rêver devant des cubes de béton ou des murs de parpaings.