‘’Le Français est un monsieur décoré’’. Vous n’avez jamais entendu cette affirmation, vous êtes trop jeune… Elle était courante dans les années 50-60, reprise du constat que faisaient beaucoup d’étrangers.
A cette époque, il y avait encore de nombreux vétérans de la grande guerre. Tous avaient reçu une brochette de décorations. La plupart la portaient.
Il y avait aussi les mobilisés de 1940 revenus d’Allemagne avec la ‘’médaille du prisonnier’’ et le reste de la population masculine, les ‘’résistants’’ pourvus de breloques qu’ils affichaient d’autant plus volontiers que leur engagement avait été tardif, succédant parfois et par prudence, au retrait des troupes nazies de notre territoire. À l’époque, on les appelait ‘’les résistants de la dernière heure’’.
Depuis, tous les ‘’poilus’’ de 14-18 ont disparu et ceux qui étaient engagés d’une façon ou d’une autre dans la seconde guerre mondiale sont de moins en moins nombreux.
Il y a bien eu les ‘’appelés d’Algérie’’. tous se sont vus attribuer, au minimum, la ‘’médaille commémorative’’. Savez-vous à quoi elle ressemble ? Moi oui, j’en ai vu une…
Quelques années après mon retour d’Afrique, j’avais conservé des liens d’amitié avec un copain de régiment. Nous nous promenions dans Paris. Sur les Grands Boulevards, nous reconnaissons l’un de nos anciens camarades. Je l’interpelle : ‘’qu’est-ce que tu portes là ?’’ Je désigne sa boutonnière ornée d’un ruban. ‘’Ben… c’est la médaille commémorative’’ réplique-t-il d’un air gêné. Mon copain et moi, nous ne nous sommes pas esclaffés mais le cœur y était !
Aujourd’hui, les gens qui arborent une décoration sont de moins en moins nombreux. Ils la doivent rarement à leurs exploits guerriers mais plutôt à des mérites qui nous semblent souvent abusifs. C’est quand même mieux ainsi !
Autre temps, autres mœurs…