Vous ne pouvez pas vous souvenir de cette époque, vous n’étiez pas né(e) !
J’avais le privilège (?) d’être un gamin passionné par le sujet.
En quelques articles, je vais vous raconter ce dont je me souviens.
Un reflet de cette époque et une façon de mesurer une évolution plus humaine que technique.
- Dans la circulation, on ne se faisait pas de cadeau ! On ignorait l’usage du signe de la main pour remercier l’automobiliste qui vous a fait une fleur. Les occasions étaient très rares, voire inexistantes… En revanche, le doigt vrillé sur la tempe était un geste couramment adressé aux autres conducteurs !
- La vitesse sur les routes de campagne n’était pas réglementée. Certains automobilistes traversaient les villages ‘’à fond la caisse’’ en klaxonnant sans interruption pour que les enfants et les animaux domestiques s’écartent de leur passage.
Beaucoup de poules, pas assez lestes, faisaient les frais du voyage… parfois, aussi, de jeunes enfants !
- À moins d’être équipé de phares adaptés - seulement sur les voitures de luxe - on fonçait dans le brouillard le plus opaque tous feux éteints puisqu’ils ne permettaient pas de le percer !!! Quelques conducteurs ont compris qu’en allumant leurs codes, ils n’y verraient pas plus clair mais qu’ils seraient vus par les autres usagers.
Après mûres réflexions, les pouvoirs publics ont fini par trouver que l’idée était bonne et l’ont imposée à tous (tardivement…)
- En ville, beaucoup de croisements étaient dépourvus de feux de signalisation, les rencontres y étaient fréquentes et brutales
- Le code de la route recommandait de klaxonner à l’approche d’un carrefour, en agglomération, pour signaler sa présence.
En ville, le boucan était infernal… Les commerçants qui tenaient boutique au coin de certaines rues étaient particulièrement exposés. À l’époque, on ne disait pas : ’’péter les plombs’’ mais c’est ce qui leur arrivait parfois…
- Sur route, la vitesse n’était pas réglementée. C’était la course !
Il s’établissait une sorte de hiérarchie entre les modèles de voitures : Le conducteur d’une ‘’Reine de la route ‘’ la 15Cv Citroën, n’acceptait pas de se laisser dépasser par une vulgaire ‘’11Cv’’ celui d’une 203 accélérait si, dans son rétroviseur, il voyait une 4 Chevaux se rapprocher…
- Le parc automobile était vétuste. Les usines avaient été pillées ou dévastées par les bombardements. La production reprit, très lentement, à partir de 1947/48, avec des modèles d’avant-guerre.
Les aciers étaient de mauvaise qualité, les ajustages imprécis ; rares étaient les véhicules atteignant les 100.000 kilomètres. Quand un automobiliste tombait en panne, s’il jugeait sa voiture économiquement irréparable, il l’abandonnait au bord de la route. Elle pouvait y rester plusieurs années. Les nationales étaient jonchées d’épaves bientôt réduites à l’état de carcasses ; les bricoleurs disposant du même modèle venant s’alimenter en pièces détachées gratuites.
- Très longtemps, les cadences de production sont restées faibles, les délais de livraison importants, jusqu’à quatre ans pour une deux chevaux ! Les occasions récentes se négociaient au dessus du prix du neuf. Certains petits malins commandaient une voiture de chaque marque et la revendait, sitôt livrée, avec bénéfice…