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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 11:57

Elle peut s’exercer non seulement en tripatouillant les résultats des enquêtes mais, aussi, au niveau de l’élaboration du « plan de sondage » (le choix des interviewés) et la rédaction des questions.

Je fais écho à un article paru dans « Libération » du 14/12 : « Les sondages du Président .

En introduction, son auteur, Karl LASKE, l’affirme : « En contestant, dans son livre, les sondages de l’institut OPINIONWAY (OW) marqué à droite, SEGOLENE ROYAL veut expliquer sa défaite. Le NET étend le débat au « matraquage » des sondeurs. Les blogueurs décortiquent les méthodes d’OW et le site Arrêtsurimages.net décrypte l’usage partisan de ses études »

Dans cet article des idées pertinentes sont développées et, dans un encadré, on peut lire l’avis de quelques lecteurs et « libénautes » dont celui-ci : « Il faudra rappeler à OpinionWay qu’un sondage qui se fonde sur le volontariat et la rémunération des répondants fausse de façon ahurissante ses résultats. Tout le monde ne dispose pas d’une connexion internet. Tout le monde n’a pas envie de répondre à des dizaines de questions hebdomadaires portant sur le « style » de Nicolas Sarkozy et de son fringant gouvernement » Signé Sabotage (?)

On ne saurait mieux dire, il manque pourtant un élément important dans cet article, ses commentaires, les deux articles originaux de HTTP://arretsurimages.net et leurs commentaires ( j’ai vérifié)

 

Petit rappel : pour constituer un échantillon représentatif d’une population, il faut que tous ses éléments aient la même chance d’être choisis. Autrement dit, si l’on en exclut certains pour des raisons diverses, l’échantillon ne sera pas représentatif et les informations recueillies ne pourront être étendues à l’ensemble de la population concernée..

La méthode la plus simple consiste à procéder à un tirage au sort (selon des méthodes statistiques) sur la liste exhaustive (complète) de cette population .

Pas de gros problème pour certaines enquêtes spécifiques. Si le sujet porte, par exemple, sur les prescriptions relatives à certaines maladies, on pourra procéder à un tirage au sort de médecins praticiens sur les listes exhaustives (elles existent) des généralistes ou spécialistes concernés.

Les élections municipales ont lieu dans deux mois. Dans les villes, grandes ou moyennes, tous les candidats sont impatients de connaître leurs chances de succès.

Actuellement d’innombrables sondages locaux se déroulent. On n’en entend pas parler parce que leurs résultats sont exclusivement destinés à ceux qui les commandent (et qui les paient). Ils ne les publient jamais.

Seuls ceux réalisés pour les médias dans un but de publication sont portés à la connaissance du public.

Mais pour en revenir à notre sujet, il existe des listes exhaustives de la population des électeurs, ça s’appelle les listes électorales.

Quand c’est le maire sortant qui commande le sondage, pas de problème, la liste électorale étant détenue par la mairie, l’organisme de sondage accrédité pourra en disposer. Si c’est l’un de ses opposants qui commande une enquête, cette même liste deviendra inaccessible.

Il faudra alors utiliser une autre méthode celle là même qu’on emploie quand il n’existe pas de liste exhaustive ou qu‘elles ne sont pas accessibles, quand il s’agit d’interroger uniquement des ménagères ou des individus âgés de 18 ans et plus par exemple.

Jusqu’au milieu des années quatre-vingt toutes ces enquêtes dites « grand public » étaient réalisées au porte à porte. C’est seulement depuis la généralisation de l’équipement téléphonique que la plupart d’entre elles sont faites par téléphone. Avant, exclure d’emblée ceux qui ne disposaient pas de ce matériel aurait introduit un biais considérable dans la constitution de l’échantillon. Il eut été abusif d’étendre les résultats de l’enquête à la totalité de la population.(on pourrait en dire beaucoup sur ce procédé d’enquête téléphonique tel qu’il est pratiqué actuellement mais ce n’est pas mon propos)

La méthode des quotas était la plus utilisée. Pour reprendre l’exemple d’un sondage préélectoral, sans pouvoir disposer de la liste des électeurs, l’enquêteur devait s’assurer que la personne qu’il avait contactée en porte à porte était bien inscrite sur la liste électorale de la commune , il devait aussi respecter une répartition par sexe et par tranche d’âge de l’interviewé et par catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage. Ces critères étant considérés comme les plus discriminants par les statisticiens mais leur respect ne suffisait pas à assurer la représentativité de l’échantillon d’autres règles de recherche étaient imposées aux enquêteurs :

- défense de se renseigner auprès d’une personne qu’ils venaient d’interroger sur la possibilité de trouver celle qui manquait dans leur quota (effet de chaîne)

- interdiction de ré-interroger quelqu’un déjà interrogé pour une autre enquête (panelisation)

Des règles de dispersion étaient également imposées:

- laisser un espace d’au moins trois maisons individuelles entre deux enquêtes

- pas plus d’une interview par escalier dans les immeubles.

- varier les étages. On s’était aperçu que certains enquêteurs affectionnaient les rez-de- chaussée, les habitants des 6èmes étages, surtout dans les immeubles dépourvus d’ascenseur, étaient rarement interrogés, d’où cette consigne.

Tout ceci afin de respecter au mieux la règle de base de la constitution d’un échantillon représentatif : Donner à chaque individu composant « l’univers » statistique la même « chance » de faire partie de cet échantillon.

Si on se basait sur les seuls critères de représentativité : sexe, âge de la personne interrogée, profession du chef de famille, on pourrait, par exemple, pour une enquête sur la popularité de Sarkozy, choisir les interviewés parmi les abonnés au « FIGARO » en cherchant bien, sur les quelques dizaines de milliers de personnes composant ce fichier, on finirait par trouver les quelques ouvriers nécessaires à la « représentativité » de l’échantillon. Pourrait-on extrapoler les résultats à l’ensemble de la population ? Ce serait, pour le moins, abusif ! En lisant les résultats de quelques sondages récents, on a pourtant l’impression que certains sondeurs y ont pensé…

L’équipement téléphonique ayant été jugé suffisant, vers 1985, la plupart des enquêtes « grand public » sont, désormais réalisées à l’aide de ce matériel. Les règles de recherche se sont un peu simplifiées mais les enquêteurs doivent toujours respecter des quotas et ne pas limiter leurs horaires de travail aux périodes où seuls les inactifs sont présents à leur domicile.

J’espère que ce long exposé technique ne m’a pas fait perdre plus des trois-quarts de mes lecteurs du début de cet article. Vous qui avez eu le courage de poursuivre avez compris qu’un échantillon fabriqué avec des familiers du Net, qui plus est volontaires , n’est représentatif de rien du tout ! Pas même des Internautes ! Les résultats n’ont aucune signification mais il y a pire encore !

Il y a quelques mois, par curiosité, je me suis inscrit dans l’un de ces panels qui fleurissent sur le Net.

J’ai, immédiatement, été invité à répondre à des questions concernant les grèves à la S.N.C.F. qui étaient d’actualité.

J’ai buté sur l’une d’elle, je ne me rappelle pas sa formulation exacte mais elle ressemblait à celle-ci, j’exagère à peine !

Diriez-vous que les grévistes de la S.N.C.F…

…prennent les usagers en otages

…ont des revendications abusives

…ou défendent des acquisitions d’un autre âge ?

Il n’était même pas venu à l’esprit du rédacteur des questions qu’un Internaute pourrait avoir l’audace de répondre : « leurs revendications sont légitimes »

Pas d’échappatoire, même dire: « aucune de ces réponses » ou : « je ne sais pas » était impossible ! Il fallait, obligatoirement, choisir l’une des possibilités prévues sinon le questionnaire était immédiatement invalidé et les questions suivantes n’apparaissaient même pas !

Dans la suite des interrogations, j’ai quand même pu donner quelques réponses qui n’allaient pas dans le sens voulu par le concepteur du questionnaire, une distraction de sa part peut-être ? Mais, bien qu’appartenant à une catégorie très peu représentée chez les Internautes, je n’aie plus jamais été invité à donner mon opinion sur les conflits sociaux ou la vie politique, uniquement des questions sur mon comportement de consommateur de petits suisses ou de produits surgelés…

Vous l’avez compris les sondeurs qui opèrent sur le Net sont de grands professionnels ! …de l’arnaque !

 

 

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commentaires

C
La solution serait-elle alors d'interdire les sondages, purement et simplement?
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A
Solution extrème mais sans grande efficacité. Ils continueraient à circuler sous le manteau avec un indice de fiabilité encore en baisse !
T
en gros un truc à retenir , toujours réfléchir (c'est ce qu'on m'apprenait en éco au lyçée , je vois une fois de plus que c'est vrai
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A
Il y a encore des enseignements fructueux ! Souhaitons leur persistance...
M
Au lieu de se faire une opinion par soi-même, on se positionne par rapport à l'opinion des autres... voilà pour moi le vrai pb des sondages.<br /> Bon lundi
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A
C'est sûrement moins fatigant pour l'intellect et ça permet de laisser du temps de cerveau disponible...on connaît la suite !