Les salariés de l’Entreprise DACIA, filiale roumaine de RENAULT, sont en grève depuis plusieurs jours.
DACIA fabrique des voitures de milieu de gamme à bas coût. Elles peuvent être vendues la moitié du prix qu’elles atteindraient si elles étaient produites par RENAULT en France.
D’où un succès croissant. Les DACIA LOGAN sont déjà entrées dans le top 10 des modèles les plus vendus dans l’hexagone.
Comment ces conditions hyper concurrentielles ont-elles été obtenues ?
Les salariés de DACIA sont payés, en moyenne, tous emplois confondus, 285 € par mois.
Les charges sociales sont infiniment plus réduites que celles qui frappent les salaires français.
En dépit des prix de vente très bas de ses véhicules, DACIA fait des bénéfices record.
Ses salariés, c’est bien naturel, voudraient participer à la prospérité. Ils réclament une augmentation de 185 € par mois, ce qui les situeraient encore bien loin des salaires occidentaux.
Néanmoins, leurs patrons refusent de satisfaire ces revendications et, surprise, ils font du chantage à la délocalisation ! « Nous devons rester concurrentiels avec des pays comme le Maroc et l’Inde »
Voilà une situation qui me rappelle celle que j’évoquais dans l’article : « La plupart des gens sont pro-européens » du 1er décembre 2007, en voici un extrait :
« Et si les produits fabriqués par les enfants thaïlandais doivent acquitter des droits de douane pour entrer chez nous, il n’en va pas de même pour ceux issus des usines délocalisées en Pologne ou en Slovaquie puisque ces pays font maintenant partie de notre Marché Commun.
Et quand les miséreux qui les fabriquent auront obtenu une petite augmentation, après plusieurs semaines de grève, qui les auront réduits à la famine pour cause de délocalisation en Roumanie ou en Turquie ou l’un de ces autres pays qui frappent à la porte de l’Europe et qui y entreront, au moment opportun, afin de prendre la relève !…»
Analyse dépassée bien que récente !
La délocalisation transitant par les pays nouvellement « Européens » n’est plus à l’ordre du jour.
Dorénavant, elle se fera directement dans les pays « émergents » pour être beaucoup plus pérenne.
Il s’écoulera pas mal de décennies avant que les salaires des Indiens ou des Chinois atteignent la moitié de ceux des Européens ou plutôt de celui qu’ils toucheraient s’ils avaient encore du travail.
Avec la mondialisation, la réduction des droits de douane rendra leur production ultra compétitive.
C’est navrant mais on ne peut pas souhaiter aux Roumains d’obtenir satisfaction sur leurs revendications. Ils y gagneraient, peut-être, deux ou trois ans de salaire majoré mais avec, à terme, le chômage; le temps que leurs patrons rendent opérationnelles de nouvelles structures établies en Inde ou en Chine et démantèlent l’usine de Roumanie beaucoup plus coûteuse en salaires et charges sociales.