L’ALGÉRIE VUE DE LA METROPOLE (2)
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- Je me suis passionné pour Henri Rochefort, un pamphlétaire talentueux mais dont les écrits, datant du dix-neuvième siècle, avaient perdu de leur actualité…Peu avant mon départ pour le service militaire, j’ai appris la sortie d’un nouvel hebdo: « L’Observateur » qui défendait des idées beaucoup plus proches des miennes. Je l’achetais dès ses premiers numéros. Ma sympathie pour les opinions qu’il défendait fut renforcée par la bataille qu’il dut mener contre une feuille de chou versaillaise à la diffusion ultra-confidentielle, elle était spécialisée dans les courses de chevaux mais elle portait le même titre et semblait agir en service commandé pour couler ce nouvel organe de presse peu conformiste
« L’Observateur » que je lisais dut, très vite, échanger son titre pour celui de « France-Observateur » avant de s’appeler, quelques années plus tard : « Le Nouvel Observateur ».
- Revenons à la guerre d’Algérie, vous y étiez opposé ?
- Une guerre qui ne voulait pas dire son nom. À l’époque, on parlait des « événements » d’Algérie. La troupe y était appelée pour le « maintien de l’ordre ». Une expression toujours utilisée aujourd’hui et qui me fait frémir à chaque fois que je l’entends. Elle sert à justifier la répression de la police contre les revendications des travailleurs. A l’époque, il s’agissait de celle de l’armée contre les manifestations des Algériens qui, au début, réclamaient la justice, l’égalité, les mêmes droits civiques que les Pieds-noirs.
Dès cette époque, je pensais que cette répression hypothéquait les chances du maintien de la cohabitation entre les deux communautés. Je ne comprenais pas que par lâcheté, facilité et l’impuissance qui caractérisait les gouvernements , les autorités se laissent manipuler par les ultra de la colonisation qui n’avaient rien compris à l’évolution de l’humanité et s’obstinaient dans un combat sanglant d’arrière garde.
L’avenir allait se montrer encore plus funeste que tout ce qu’on pouvait imaginer .