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  • J'ai 5 ans et je m'éclate au volant. Souriez !
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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 05:02

Jeune homme, j’ai été employé par l’École Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux.

Gérée par des ‘’Frères’’, elle était réputée pour la rigueur de sa discipline.

Les élèves, tous pensionnaires, avaient deux origines. Une minorité était issue de parents cathos qui voulaient une éducation religieuse pour leur fils. Les autres étaient, pour la plupart, en situation d’échec scolaire. Ils avaient été renvoyés de tous les autres établissements d’Ile de France et leurs parents les avaient placés là en désespoir de cause.

Il y avait des cancres patentés, des attardés, des demeurés, des inadaptés scolaires.

Parmi ces derniers, peut-être quelques surdoués mais l’époque ne s’intéressait pas à ce type d’individus, n’essayait pas de les détecter encore moins de leur offrir une aide psychologique ou une scolarité adaptée.

Officiellement, j’avais été embauché comme surveillant, officieusement, outre les fonctions de surveillance, j’assurais les cours de français, d’histoire et de géographie pour une classe de septième.

Il y avait quatre septièmes, la septième D rassemblait des enfants de neuf à dix ans, l’âge normal. En septième C, ils avaient onze ans. En septième B 12 ans et en septième A 13 ans et plus.

Mes élèves avaient douze ans, un collègue leur enseignait les mathématiques et les sciences naturelles.

La qualité de l’enseignement dispensé ne faisait pas partie des préoccupations premières de nos employeurs.

Je me souviens qu’un jour, pendant une récréation, je remontais le couloir vitré qui longeait les salles de classe. Dans l’une d’elle, je vis un collègue chargé de l’enseignement du français en huitième. Il venait d’écrire cette phrase sur le tableau noir : ‘’L’élève tombe le crayon’’. J’entrais dans sa classe : ‘’ Pourquoi as-tu écris ça ? ‘’ Réponse : ‘’ Je prépare mon cours sur le complément d’objet direct…’’. Je crois qu’il n’a pas bien compris mon explication sur l’intransitivité du verbe tomber. Remarquez, aujourd’hui, on dit bien ’’tomber la chemise’’ alors pourquoi pas le crayon ! L’auteur de cette phrase innovante était sûrement un précurseur dans le domaine de la linguistique…

Mes cinquante-deux élèves n’étaient pas non plus motivés par l’acquisition de connaissances. Leur objectif principal : pourrir au maximum la vie de leur prof. Sur une heure d’enseignement, il fallait en consacrer les trois-quarts à la discipline

Outre les heures de cours que, mon collègue et moi, devions assurer tout au long de l’année scolaire, nous nous partagions la surveillance de nos élèves, 24 heures sur 24, pendant une semaine pour l’un, la même chose la semaine suivante pour l’autre et ainsi de suite.

Les enfants dormaient dans un dortoir à l’ancienne avec, au centre, le lit du surveillant surmonté d’un baldaquin d’où descendaient des rideaux censés préserver son intimité.

Le jeudi était jour de sortie. En rangs par quatre et en silence jusqu’au moment où il fallait entonner le chant rituel : ‘’Un kilomètre à pied, ça use, ça use, un kilomètre à pied ça use les souliers. Deux kilomètres à pied, ça use, ça use…etc.’’ Vous connaissez la suite.

Le dimanche n’était pas entièrement chômé, il fallait accompagner les enfants à la messe célébrée dans la chapelle interne à l’établissement et en observer le rituel, une corvée pour le mécréant que j’étais.

Certains congés scolaires permettaient aux élèves d’aller passer quelques jours dans leur famille. Les ‘’surveillants’’ n’étaient pas, pour autant, libérés de leurs tâches. Il fallait contrôler l’exécution des pensums infligés aux ’’collés’’ privés de sortie, toujours les mêmes, les plus durs.

Il fallait également essayer de distraire ceux que leurs parents avaient oubliés de venir chercher, souvent les mêmes aussi.

On pouvait lire le désarroi, la détresse dans le regard de ces pauvres gosses.

Une précision : Tout ce que je viens de vous raconter ne se passait au 19ème siècle mais dans la seconde moitié du vingtième.

 

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commentaires

L
La version de Pierre Perret était presque angélique par rapport au vécu !!!<br /> Cure de soi-disant santé avec course dans les bois et parcours semi-militaire agrémenbé d'une douche glacée ... Sous vêtements changés une fois par semaine - uniforme jamais à la taille - rassemblement le matin à l'aube avec musique militaire et appel ...Lits à faire au carré ... bref !!!<br /> Le pire c'est que j'adorais ...<br /> LIZAGRECE
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A
<br /> Je n'imaginais pas que même les filles étaient soumises à ce régime !<br /> <br /> <br />
R
C'était, avec le jeu de mot sur "diabolique", simplement une référence à un film de Clouzot que j'ai toujours adoré, (d'après un roman de Boileau-Narcejac), avec Paul Meurice etl'extraordinaire Simone Signoret. Vous devez certainement l'avoir vu également en son temps, il s'agit de "Les Diaboliques".<br /> <br /> Si cela vous intéresse, en voici le lien :<br /> <br /> http://membres.lycos.fr/bernadac/Clouzot/diaboliques.html
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A
<br /> Bien sûr ! J'ai vu "Les diaboliques" peu après sa sortie, au milieu des années cinquante et je l'ai revu, beaucoup plus récemment, sur une chaîne de cinéma à la télévision<br /> <br /> <br />
L
A cette époque la punition promise en cas de mauvais résultat ou manque de discipline était : "Je vais te mettre en pension" ...<br /> Comme j'étais déjà inconsciente à l'époque j'ai risqué maintes et maintes fois ce châtiment .. En vous lisant je me dit "j'ai eu chaud" ...<br /> Mais, même si je rapportais images et bons points, voire même le prix d'excellence en fin d'année, pour me récompenser n m'envoyait prendre un bonbol d'air en colonie de vacances ...<br /> Et là, c'était à peu près pareil : dortoirs, manque d'hygiène, de sommeil, mauvaise nourriture mais qu'est-ce que je rigolais ...<br /> C'est ainsi que j'ai appris, malgré une certaine inaptitude à la vie en groupe que j'étais d'un naturel optimiste !!!<br /> LIZAGRECE
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A
<br /> "Les jolies colonies de vacances..." Si j'en crois votre expérience, Pierre Perret n'a rien inventé !<br /> <br /> <br />
R
Y avait-il une pièce d'eau devant ce pensionnat ?<br /> <br /> Ne me répondez pas que je suis "diabolique" si je vous écris que j'ai eu un instant l'impression qu'un de vos commentateurs pourrait s'appeler Michel Delasalle ...
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A
<br /> <br /> Non, pas de pièce d'eau... Je suis confus mais je ne sais pas qui est Michel Delasalle ! Pourriez-vous m'apporter une précision ?<br /> <br /> <br /> <br />
C
J'aime bien aussi les mémoires d'Absalon car elles n'ont rien d'ordinaire, elles sont riches d'enseignement sociologique. A la lecture de ces phrases, on sourit souvent, on est ému et l'on est triste et l'on se dit que l'on a bien eu raison de ne pas mettre nos enfants dans ces guettos cathos...Croyez-moi, il y en a encore, de ces endroits (à côté de chez moi) où l'on place les enfants en échec scolaires dont aucun autre établissement ne veut. Celà démontre aussi les limites et la faillite de l'enseignement public...
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A
<br /> Je croyais parler d'une époque révolue... Malheureusement, la qualité de l'enseignement public ne risque pas de s'améliorer avec la suppression des postes d'enseignants et de personnel<br /> d'encadrement !<br /> <br /> <br />