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  • J'ai 5 ans et je m'éclate au volant. Souriez !
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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 06:00

J’ai une fidèle lectrice que vous ne connaissez pas. Elle est abonnée à ma newsletter, elle lit tous mes articles depuis l’origine de mon blog et même avant… mais elle ne les a jamais agrémentés d’un commentaire. C’est ma sœur.

Comme nous habitons le même village, nous nous voyons souvent. De vive voix, elle m’a reproché d’avoir accusé notre père (dans un article récent) de ne pas m’avoir aimé.

Elle est dans le vrai, il m’aimait mais ne pouvait pas me supporter. Une bonne raison à cela : j’étais carrément insupportable !

Je dois lui rendre justice mais qui était-il ?

Enfant, il n’aimait pas l’école; il l’a quittée à douze ou treize ans pour entrer en apprentissage.

Son C.A.P. en poche, il s’est fait embaucher, sans difficulté, par un bijoutier londonien. En Angleterre, on appréciait beaucoup le travail des ouvriers français.

Il avait seize ans, nous étions en 1914. Je n’ai pas besoin de vous rappeler l’événement de cette année là. Nous n’étions pas nés mais l’avons tous conservé en mémoire.

L’année suivante, il a voulu s’engager pour participer à ce conflit qui ne s’appelait pas encore la première guerre mondiale. On ignorait qu’il y en aurait une seconde et la présente était réputée ‘’la der des der’’.

Vu son jeune âge, il a subi de nombreux tests et une visite médicale approfondie à l’issue desquels on lui a annoncé que, d’une part, il était bon pour le service et que, d’autre part, on ne pouvait pas l’embaucher parce qu’il n’était pas de nationalité britannique !

Il rentra en France où son engagement fut beaucoup plus facile.

Envoyé sur le front, il réchappa à la tuerie du ‘’Chemin des Dames’’ en 1917 mais, gazé, il fut réformé en 1919 avec des poumons très atteints

De retour à la vie civile, il resta en France et, après un intermède comme vendeur de papiers peints, il reprit son métier et se mit à son compte comme fabricant bijoutier joaillier.

Il atteignit bientôt le sommet de son art. Il acquit une renommée internationale. Dans le monde entier, il était considéré comme le plus grand des ‘’baguistes’’ Il fabriquait surtout des bagues. Ses clients : les grands joailliers de la place Vendôme ou ceux de La Havane et de New-York…

Enfant, on idéalise ses parents, avec l’âge, on les remet à leur place mais l’admiration que j’avais pour mon père ne s’est jamais démentie. Il avait une culture étendue, une conversation raffinée. Tous ceux qui l’approchaient le considéraient comme un grand bonhomme.

Il aurait dû faire fortune mais ça ne l’intéressait pas. Il consacrait une ou deux heures le matin à guider le travail de ses ouvriers et passait tous ses après-midi à son club de bridge. Il n’engageait que des sommes dérisoires, c’était pour le plaisir du jeu.

Adulte, j’étais devenu beaucoup plus fréquentable et pendant les dix dernières années de la vie de mon père nous avons partagé une grande complicité.

Il m’a fallu de longues années pour me remettre de sa disparition.

 

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commentaires

J
Additif en me relisant: A moins que la différence d'age et de sexe n'influe sur la perception du monde dans des proportions sidérantes. Argument massu pour un monde en tant que représentation.<br /> <br /> @Au teckel: toujours en me relisant, j'ai eu l'impression que ma phrase était un peu sèche. N'en croyez rien: elle était empathique. J'aurais dû ajouter que le sujet était passionnant.
Répondre
A
<br /> Difficile de nier l'influence de l'âge et du sexe sur la perception du monde mais je ne crois pas qu'elle puisse atteindre des proportions sidérantes.<br /> J'espère que le teckel ne confondra pas empathique, assez mesuré et emphatique quasiment délirant !<br /> <br /> <br />
J
Bonjour,<br /> Deux commentaires qui j'espère ne serons pas trop "à coté" bien qu'il ne s'inscrivent pas vraiment dans la tonalité du fil.<br /> Le premier que vous m'offrez, c'est la relecture symbolique de la fin de "Mort à crédit et du début du"Voyage au bout de la nuit" dont la trame évènementielle est étonnament semblable, pour ce que j'en perçois en tout cas.<br /> Je lis à travers votre évocation une toute autre version de la perte du "Cakya Mouni"et vous remercie de cet enrichissement.<br /> Le second commentaire vous est plus directement lié: Ma soeur et moi, qui sommes vos contemporains, faisons souvent la remarque lorsque nous racontons à un tiers des souvenirs communs,que bien que nous ne nous soyons jamais quittés, tout se passe comme si nous n'avions pas vécu les mêmes évènements de la même vie. Tout comme pour nos parents: nous ne racontons pas les mêmes.<br /> Est-ce là un effet de l'éducation de l'époque?<br /> En est-il toujours ainsi pour chacun? Le "secret" de la vie des parents est-il ou pas une protection/promotion de l'enfance? Pour la notre en tout cas, je vois dans votre billet une confirmation de nos sentiments.
Répondre
A
<br /> Même si nous sommes très ouverts aux autres, même si nous sommes très tolérants et altruistes, notre nature (humaine) nous pousse à tout rapporter à<br /> nous-même. Je crois que c'est la principale différence de perception que nous avons pour nos proches et je ne crois pas que ce soit une question d'éducation.<br /> <br /> <br />
C
Permettez-moi de ne pas réagir sur ce texte. C'est un sujet sensible pour moi...
Répondre
A
<br /> Croyez bien que je respecte votre réserve...<br /> <br /> <br />
J
marie- claire pour ce qui est du charme et en particulier auprès des femmes je pense que j.p a certainement beaucoup de son père.Par contre il n'est absolument pas macho.Cela est assez rare pour le souligner.Je pense que l'on a tous des regrets quels qu'ils soient.
Répondre
A
<br /> C'est vrai, je crois avoir beaucoup de mon père et encore plus, peut-être de mon grand-père. Comme je l'ai souligné dans ma réponse à Marie-Claire, pour<br /> moi, notre père n'était pas du tout macho mais nous réglerons ce problème en famille...<br /> <br /> <br />
M
Jamais de commentaires (sauf en privé), c’est vrai. La « place publique » du Net m’intimide.<br /> Pourtant, aujourd’hui, je ne peux lire cet hommage à notre père sans réagir. Tout est dit mais tout reste à dire. Les relations père-enfants n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Nous n’avons jamais rien su de la vie intime de nos parents, par exemple. Papa avait un charme extraordinaire, en particulier auprès des femmes, qu’il admirait et aimait. Pourtant, comme les hommes de son époque, il était macho, fruit de son éducation de fils unique, traité par notre grand’mère à l’égal d’un dieu.<br /> J’ai aussi été aimée, puis rejetée comme rivale d’une belle-mère. Devenu veuf, notre père instaura un culte à la défunte, conscient d’avoir usé et abusé de son dévouement sans limite et ce, même pendant sa maladie à l’issue fatale.<br /> Nous avons été fiers de notre père, comme il a été fier de ses enfants.<br /> Je reste (nous restons ?) frustrée(s) de ne pas avoir pu nouer de relations plus intimes avant de perdre nos parents. Les liens sont devenus plus simples maintenant. Trop peut-être ?<br /> Marie-Claire
Répondre
A
<br /> J'étais presque sûr que cet article me vaudrait ton premier commentaire et pas le dernier j'espère ! ( je l'avoue, son début poursuivait cet objectif... )<br /> Ceci dit, je ne crois pas que notre père pouvait être qualifié de macho. Pour moi, un macho c'est un homme qui profite des femmes tout en les méprisant. Ce qui n'était pas du tout son cas mais nous<br /> en reparlerons en privé...<br /> <br /> <br />
J
Qu'elle bel hommage.J ai appris au fil des jours à mieux vous connaître .Vous êtes humain,vous avez j'en suis certaine beaucoup d'amour pour vos proches et si vous pensez le contraire je n'en croirai jamais rien.
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A
<br /> Merci. Votre compliment me touche, j'espère le mériter !<br /> <br /> <br />
L
Très touchantes ces confessions "d'un enfant de l'autre siècle" (nous ne sommes qu'au début du XXIe, le précédent est donc encore proche aussi j'espère ne pas être indélicate en vous resituant das le siècle précédent auquel j'appartiens également)...<br /> LIZAGRECE
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A
<br /> Je serais mal venu de m'offusquer d'être resitué dans le XXème siècle ! Les enfants du XXIème ne sont encore que des enfants, les plus âgés ont 7 ans. Si je<br /> protestais c'est que je n'aurais pas encore 7 ans (d'âge mental !)<br /> <br /> <br />
R
Voici le texte d'hommage - qui vient souvent très (trop ?) tard - que tous les hommes voudraient écrire.<br /> <br /> Je me suis souvent demandé la raison pour laquelle il nous est plus facile de nous épancher sur notre maman (en bien ou en mal, d'ailleurs - relisons Hervé Bazin, pour ne citer que lui ...) que sur notre père. <br /> Quelque pudeur de mâle, peut-être ? Et en vérité, mal placée. Mais c'est ainsi ...<br /> Et d'ailleurs, n'est-il pas symptomatique que l'on dise "maman" et "mon père" ? <br /> Est-ce si dificile pour nous, arrivés à l'âge d'homme, de dire "papa" ? <br /> Oui, apparemment, pour certains d'entre nous.<br /> <br /> Quoiqu'il en soit, merci pour cette confidence "intime" à partir de laquelle, mutatis mutandis, j'ai déjà commencé à puiser des souvenirs personnels ...
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A
<br /> Une espèce de fatalité. Nous n'osons pas écrire ce que nous pensons de nos parents tant qu'ils sont encore en vie. Je ne crois pas que la mère d'Hervé Bazin<br /> était toujours de ce monde quand il l'affublait du sobriquet de Folcoche dans "Vipère au poing" ni celle de Jules Renard quand il écrivit "Poil de carotte" et, dans leurs cas, c'est préférable...<br /> J'espère que vous nous ferez part de vos souvenirs personnels quand vous les aurez reconstitués !<br /> <br /> <br />