Ils présentent un avantage incontestable sur le quotidien : ils ne vieillissent pas.
Vous êtes un jeune homme de vingt-cinq ans. Vous avez beaucoup d’amis de votre âge. Vous les perdrez de vue pour la plupart mais, quand la soixantaine venue, vous vous souviendrez d’eux, ils n’auront pas changé.
Dans votre mémoire, ils conserveront l’éclat de la jeunesse.
Vos petites amies de l’époque seront toujours aussi fraîches dans vos évocations sauf celle qui sera devenue votre femme.
Vous aimeriez pouvoir lui rendre, d’un coup de baguette magique, la splendeur de ses vingt ans. Quelle imprudence ! Croyez-vous qu’elle resterait avec un vieux croûton ?
Nous éprouvons (presque) tous la nostalgie de notre jeunesse. Beaucoup voudraient retrouver ces joyeux camarades qui les ont accompagnés dans leur parcours scolaire. (Il y a des sites pour ça) Le problème c’est qu’ils sont devenus de vieux barbons. Ils ont une femme, des enfants, des petits-enfants et, si vous renouez avec l’un d’eux une relation intime, il vous révélera avoir aussi une maîtresse…
Vous allez ensuite comparer vos parcours professionnels.
Il a fait de meilleurs placements financiers que vous, il a épousé une fortune, il a peut-être été éjecté de son poste de PDG (pour incompétence mais ça il ne vous le dira pas) avec un parachute doré. Il nage dans l’opulence. Il vous reçoit dans sa propriété de grand luxe au bord de sa piscine : ’’Et toi, qu’est-ce que tu es devenu ?’’ Vous allez dérouler votre CV en évitant les épisodes peu valorisants. Il va vous écouter avec condescendance. Il affichera sa commisération à moins que ce ne soit l’inverse ? Vous avez, peut-être, mieux réussi que lui ? Votre vieux copain est un ’’has been’’ Il survit alors que vous pouvez vous enorgueillir de votre réussite. Ses placements se sont révélés malencontreux. Il n’a pas rencontré la riche héritière et il ne disposait pas de la hargne nécessaire pour accéder aux plus hauts postes de son entreprise. Il a été dégagé prématurément sans bénéficier des indemnités versées à ceux qui ont su cultiver leur amitié (complicité) avec les détenteurs du pouvoir.
Ce n’est pas au bord de sa piscine qu’il vous reçoit mais dans la salle à manger de son HLM.
C’est vous qui allez pouvoir le considérer avec une certaine commisération.
Dans tous les cas, il me semble préférable d’éviter ce genre de rencontre. N’est-il pas ?