Elle est naturelle quand nous devons défendre notre opinion contre quelqu’un qui ne la partage pas.
Nous savons, spontanément, trouver les accents nécessaires, sinon pour convaincre, du moins pour affirmer notre point de vue.
Il en va tout autrement si nous devons lire ou réciter un texte. Il faut apprendre à l’exprimer oralement.
C’était le but de ces récitations que nous devions apprendre par cœur à l’école primaire pour les restituer sans faute et, si possible, avec conviction.
Je ne sais pas si ce genre d’exercice existe toujours mais il n’était pas inutile, à la fois pour stimuler la mémoire et comme apprentissage de l’expression orale.
Cette maîtrise de l’élocution est indispensable dans certains métiers ; elle est à la base de leur apprentissage.
Le comédien qui ne semblerait pas convaincu de ce que son personnage doit exprimer, et qu’il doit réciter, passerait aux yeux des spectateurs (sans qu’ils soient nécessairement conscients de cette carence) pour un mauvais acteur.
Le journaliste de télévision, qui présente les actualités, doit les lire comme s’il formulait ses phrases de sa propre initiative (hésitations en moins).
Peu importe si le téléspectateur sait qu’il lit un prompteur, il va l’oublier instantanément si le professionnel s’exprime avec les inflexions de la spontanéité.
Quand j’étais scolarisé - il y a bien longtemps ! - j’ai connu deux types de professeurs : ceux qui s’enthousiasmaient en énonçant leur cours et ceux qui le récitaient d’un ton monocorde.
Les premiers éveillaient l’intérêt de leurs élèves qui écoutaient et retenaient les leçons. Les seconds n’intéressaient personne et, éventuellement, se faisaient chahuter, même si ce qu’ils avaient à dire était passionnant.
Quand je travaillais dans les sondages, j’essayais de convaincre les enquêteurs débutants de lire intelligemment leurs questions. Un principe évident mais beaucoup plus difficile à mettre en pratique qu’on ne le croit. Les responsables d’instituts l’ignoraient et leurs clients n’en avaient cure, le budget consacré à la formation des enquêteurs était proche de zéro.
Résultat : à part quelques rares individus qui comprenaient instantanément, la quasi-totalité des postulants était rapidement éliminée, soit parce qu’ils abandonnaient en raison du peu de coopération de leurs enquêtés, rebutés par le pensum qui leur était infligé, soit parce qu’ils tournaient la difficulté en bidonnant leurs entretiens et se faisaient virer par les employeurs pratiquant des contrôles (pas tous !!!)
Ils se répartissaient à peu près par moitié, l’une renonçant et l’autre exclue.
Enfin, si vous voulez faire participer votre entourage aux émotions que vous avez ressenties à la lecture d’un passage d’une œuvre littéraire, inutile de le lire à haute voix si vous ne savez pas mettre les intonations nécessaires à l’éveil de l’intérêt de votre auditoire, il ne participera pas !