Le 6 juin 2007 SARKOZY était élu Président de la République par 53% des votants.
D’où lui venait cette popularité soudaine que sa campagne électorale n’avait fait que conforter ?
Les évènements ont, parfois, des conséquences imprévues bien que prévisibles.
Je citerai quelques exemples avant de revenir à SARKOZY:
En 1938 DALADIER et CHAMBERLAIN s’étaient couchés devant HITLER en signant les « accords de Munich » qui n’étaient
rien d’autre qu’un diktat des nazis. DALADIER avait conscience de la lâcheté de son comportement. Il s’attendait aux huées du public à son retour en France. Il
l’écrit lui-même dans ses mémoires ! Il reçut pourtant un accueil enthousiaste, applaudi à sa descente d’avion !
« Les cons ! » Commenta-t-il sobrement.
Les petits bourgeois, qui constituent l’essentiel de la population française, ont pour principale obsession le maintien du désordre établi qu’ils appellent: « maintien de
l’ordre »mais ils n’ont pas l’esprit d’analyse: ils ne comprirent pas que la signature de ces « accords » donnait à HITLER un délai supplémentaire pour préparer ses
troupes à l’écrasement de l’armée française. Si, respectueuse des accords qu’elle avait signés, la France avait volé au secours de la Tchécoslovaquie en 1938, elle aurait
peut-être évité le désastre de 1940. DALADIER était conscient du risque, mais comment faire partager ses craintes ?
En 1965 DE GAULLE arrivait au terme de son septennat. Il décida de se faire réélire au suffrage universel afin de conforter sa légitimité.
Il avait réglé le problème qui l’avait ramené aux affaires, les guerres coloniales appartenaient au passé, le niveau de vie s’accroissait, le chômage était
marginal - 36.000 chômeurs secourus ! - les gangsters du S.A.C. de PASQUA pouvaient commettre leurs exactions sans publicité excessive, la plupart des journaux s’interdisant de
mentionner tout ce qui pouvait déplaire en haut lieu et l’O.R.T.F. étant aux ordres du pouvoir. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes…
La réélection de DE GAULLE s’annonçait triomphale dès le premier tour, à tel point que GASTON DEFFERRE, sollicité par ses amis politiques pour représenter la gauche à l’élection
présidentielle, avait botté en touche, préférant laisser à FRANCOIS MITTERRAND le soin de se ridiculiser.
Mais DE GAULLE était fatigué et devenait fatigant, il fut mis en ballottage par MITTERRAND qui obtint 47% des suffrages au second tour.
Puis vint mai 68 et la révolte des étudiants contre leurs conditions d’existence.
Bien que n’ayant pas initié ce mouvement, qui était spontané, la gauche tenta de le récupérer; quelques politiciens proposèrent leurs services, le pouvoir vacillait. Mais les choses prirent un
tour inattendu.
Tout d’abord, une manifestation de soutien à DE GAULLE rassembla un million de participants selon les organisateurs et …un million selon la police !
Puis, « usé, vieilli » et désavoué par un référendum imprudent, DE GAULLE passa la main.
Les élections présidentielles qui s’ensuivirent, en 1969, ne pouvaient que sourire au candidat de la gauche. GASTON DEFFERRE, cette fois, y croyait dur comme fer. Il ne laissa pas MITTERRAND lui
griller la politesse, il se présenta et recueilli…5% des suffrages ! Laissant aux deux candidats de la droite, POHER et POMPIDOU, le soin de se départager en
finale.
Mais que s’était-il donc passé dans l’esprit des électeurs ?
Toujours la même chose : « le maintien de l’ordre » et la grande peur inspirée par mai 68 qui aurait pu déstabiliser les Institutions. Ils votèrent, en masse, pour la droite
représentative de la répression.
En octobre/ novembre 2005, les provocations de SARKOZY entraînèrent la révolte des banlieues. Il avait conscience de sa responsabilité dans le déclenchement des
émeutes et songea à démissionner de son poste de Ministre de l’Intérieur. Mais l’action de ses flics, qu’il excellait à mettre en valeur et dont il n’hésitait
pas à gonfler les résultats, lui fit gagner une popularité dont il fut le premier surpris.
Une fois de plus, les petits bourgeois se tinrent prêts à voter pour le partisan inconditionnel de la répression et du « maintien de l‘ordre » . Qui pouvait, mieux que SARKOZY,
répondre à ces aspirations
Comment régler les problèmes de Société suscitant des mouvements de foule ? : la schlague !
Comment fallait-il répondre aux revendications des étudiants de mai 68 ? : la schlague !
Comment faire face au désespoir des jeunes de banlieue initiateur d’actes violents ? : la schlague on vous dit ! La schlague et rien d’autre !
Elu Président, SARKOZY va-t-il prendre à bras le corps les problèmes de Société ?
Va-t-il combattre la « fracture sociale »? Les inégalités? La pauvreté? La précarité ?
Sûrement pas ! Il est beaucoup trop malin pour ça ! A supposer qu’il y réussisse miraculeusement, il perdrait toute légitimité ! Il se contentera d’envoyer ses flics cogner ici et là sur les
manifestants réclamant plus de justice, de pouvoir d’achat, d’emplois, de logements…
Il se préparera, ainsi, une réélection triomphale en 2012 !
Alors? Toujours démocrate ? Bravo ! Et bon courage!
(Article écrit le 1er octobre 2007.Rien à ajouter en mai 2008)