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  • : Le blog de Jean-Pierre SILVESTRE
  • : Un regard décalé et humoristique sur les faits de Société. Des conclusions que vous ne trouverez nulle part ailleurs !
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  • J'ai 5 ans et je m'éclate au volant. Souriez !
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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 23:08

En politique la principale différence entre la gauche et la droite c’est que les gens qui se réclament de la gauche voudraient que les bénéfices des progrès technologiques, permettant un accroissement constant des richesses, ne profitent pas, exclusivement, aux nantis, mais, aussi, aux classes modestes et, surtout, à ceux qui vivent dans la précarité.

A part quelques excentriques, les peu fortunés, les pauvres, votent - quand ils votent - pour les politiciens de gauche qui défendent - mollement - ce point de vue; c’est leur intérêt.

Les riches demandent à leurs élus de voter des mesures leur permettant d’accroître leur fortune et, pourquoi se gêner, de baisser leurs impôts.

Ils votent pour les politiciens de droite; c’est aussi leur intérêt.

Mais que se passe-t-il si un pauvre - gain au loto, gros héritage …- devient subitement riche ?

Il y a de fortes chances ou de gros risques, pour que ses idéaux de gauche se transforment - tout aussi subitement - en convictions de droite.

Il existe pourtant quelques individus aisés qui, au mépris de leurs propres intérêts financiers et par humanisme, professent des opinions de gauche. C’est ce qu’on appelle l’altruisme, mot qui, contrairement à égoïsme, est pratiquement tombé en désuétude; les comportements auxquels il s’applique étant devenus exceptionnels.

On ne retiendra pas les dons aux œuvres caritatives qui permettent de se dédouaner à bon compte et d’obtenir des réductions d’impôt; ce qui permet à l’État de se débarrasser, à moindre coût, de missions dont il devrait avoir la charge exclusive.

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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 23:18

C’est la violence de la Société qui engendre celle des individus.

Ce banal apophtegme doit être opposé aux élucubrations « karchérisées »

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 05:09

Jamais un président de la république française n’a été aussi contesté que Sarkozy, pourtant la fonction a été exercée par des individus discutables.

Sans remonter jusqu’à Deschanel, élu contre Clemenceau, et qui grimpait aux arbres des jardins de l’Elysées avant de demander asile à un garde-barrières après être tombé d’un train vêtu de son seul pyjama (il finira en hôpital psychiatrique), nous avons eu Pompidou, ultra libéraliste, dont la devise aurait pu être, à l’instar de celle de Louis-Philippe et de son ministre Guizot, « enrichissez-vous » sous-entendu: Sans vous préoccuper du sort de ceux que vous aurez ruiné.

Puis nous avons eu Chirac qui traîne une telle collection de casseroles que ses amis magistrats, qu’il a fait nommer, juste avant sa retraite, aux plus hautes fonctions judiciaires, n’arrivent pas à l’en dédouaner totalement.

Il finira, probablement, ses jours dans son château de Bity entouré de l’affection des siens et de ses obligés même si ceux, les plus nombreux, dont la reconnaissance ne s’étend pas au delà de ses possibilités de protection très amoindries par sa retraite, l’auront abandonné, il en restera peut-être assez pour le protéger.

Mais si ses prédécesseurs, même Pompidou, ont laissé leur nom à des œuvres artistiques qu’ils ont plus ou moins initiées, on ne voit pas ce qui pourrait pérenniser l’action politique de Chirac ni porter son nom.

Avec Sarkozy nous n’en sommes pas encore là mais pourquoi est-il rejeté aussi violemment par une grande partie de la population ?

Il ne « fait pas le poids ». Sans remonter jusqu’à De Gaulle et son charisme et la grande idée qu’il se faisait du devenir de la France qui semblait être sa seule préoccupation, nous avons eu des Présidents qui avaient une certaine tenue. Leur politique était souvent contestable mais elle n’engageait pas leur réputation.

Sarkozy est imprévisible, la seule certitude que l’on peut avoir sur ses décisions à venir, c’est qu’elles favoriseront ses copains milliardaires et obligés

Mais la France dans tout ça ?

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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 09:20

ENTRETIENS AVEC OTTO (2)

- Au début de nos entretiens, vous avez comparé l’Afghanistan à l’Algérie des années cinquante, il y a quand même beaucoup de différences. On ne peut pas souhaiter la victoire des obscurantistes talibans qui conduirait l’Afghanistan à un recul de plusieurs siècles.

- Ils luttent contre des opposants un peu plus civilisés qui, bon gré mal gré, ont été obligés de s’allier à une armée d’occupation. Les Talibans ont beau jeu de prétendre lutter pour l’indépendance de leur pays. Une première raison d’obtenir le soutien d’une grande partie de la population. La seconde étant la « guerre psychologique » impliquant les civils telle qu’elle était pratiquée en Algérie.

- Je ne crois pas qu’on ait envoyé des gendarmes en Afghanistan !

- On n’a pas besoin d’eux. Dans mon régiment d’Algérie, il y avait des militaires prêts à assumer la besogne des gendarmes, même parmi les appelés et certains le faisaient ! C’était sûrement la même chose dans toutes les unités !

- Il y a aussi le barrage de la langue, les Algériens parlaient français pas les Afghans !

- Vous croyez, qu’entre les mains des gendarmes, les montagnards kabyles et les Arabes de la casbah se rappelaient qu’ils parlaient français ! Il fallait toujours avoir recours à des interprètes. En Afghanistan, comme ailleurs, les troupes d’occupation peuvent compter sur des gens prêts à vendre leur âme pour une poignée de dollars et à servir d’interprètes pour quelques dollars de plus.

- D’après « Le Canard enchaîné » la France enverra quatre-vingts instructeurs, complétant les quatre déjà présents, insérés dans l’armée afghane et participant aux combats. A quoi servent ces instructeurs ?

- Sûrement pas à apprendre aux Afghans à hisser les couleurs ni à marcher au pas !

- Vous croyez qu’ils leur enseignent les techniques de la « guerre psychologique » ?

- Vous pouvez préciser « la torture ». Je n’en sais rien. Sur la guerre en Afghanistan, nous ne savons que ce que les Américains veulent bien laisser filtrer mais, outre la mutité, les militaires ont un autre point en commun, l’absence d’imagination. Il serait surprenant qu’ils n’utilisent pas les bonnes vieilles méthodes qui ont fait la preuve de leur efficacité.

- Ca va aboutir à quoi ?

- Quand ils se seront lassés de guerroyer dans un pays qui ne possède même pas de réserve pétrolière, les Américains s’en iront, suivis par leurs alliés occidentaux. Ils abandonneront les Afghans anti-Talibans convaincus de collaborationnisme et de complicité dans les exactions commises par les armées étrangères. Il restera à ceux-ci le choix entre trouver d’urgence une terre d’asile , ce qui ne sera pas évident dans la région, ou s’exposer à la vindicte populaire qui ne leur laissera aucune chance de survie.

- Comme les Harkis en Algérie ?

- Exactement. Cette guerre gagnée contre les infidèles auréolera, si j’ose dire, les Talibans d’un prestige et d’une légitimité que la population afghane était loin de leur reconnaître , avant l’intervention américaine, à l’époque où ils étaient maîtres du pays.

- Il s’agit d’un pronostic très personnel…

- Je l’assume.

 

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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 10:00

Le 6 juin 2007 SARKOZY était élu Président de la République par 53% des votants.

D’où lui venait cette popularité soudaine que sa campagne électorale n’avait fait que conforter ?

Les évènements ont, parfois, des conséquences imprévues bien que prévisibles.

Je citerai quelques exemples avant de revenir à SARKOZY:

En 1938 DALADIER et CHAMBERLAIN s’étaient couchés devant HITLER en signant les « accords de Munich » qui n’étaient rien d’autre qu’un diktat des nazis. DALADIER avait conscience de la lâcheté de son comportement. Il s’attendait aux huées du public à son retour en France. Il l’écrit lui-même dans ses mémoires ! Il reçut pourtant un accueil enthousiaste, applaudi à sa descente d’avion !

« Les cons ! » Commenta-t-il sobrement.

Les petits bourgeois, qui constituent l’essentiel de la population française, ont pour principale obsession le maintien du désordre établi qu’ils appellent: « maintien de l’ordre »mais ils n’ont pas l’esprit d’analyse: ils ne comprirent pas que la signature de ces « accords » donnait à HITLER un délai supplémentaire pour préparer ses troupes à l’écrasement de l’armée française. Si, respectueuse des accords qu’elle avait signés, la France avait volé au secours de la Tchécoslovaquie en 1938, elle aurait peut-être évité le désastre de 1940. DALADIER était conscient du risque, mais comment faire partager ses craintes ?

En 1965 DE GAULLE arrivait au terme de son septennat. Il décida de se faire réélire au suffrage universel afin de conforter sa légitimité.

Il avait réglé le problème qui l’avait ramené aux affaires, les guerres coloniales appartenaient au passé, le niveau de vie s’accroissait, le chômage était marginal - 36.000 chômeurs secourus ! - les gangsters du S.A.C. de PASQUA pouvaient commettre leurs exactions sans publicité excessive, la plupart des journaux s’interdisant de mentionner tout ce qui pouvait déplaire en haut lieu et l’O.R.T.F. étant aux ordres du pouvoir. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes…

La réélection de DE GAULLE s’annonçait triomphale dès le premier tour, à tel point que GASTON DEFFERRE, sollicité par ses amis politiques pour représenter la gauche à l’élection présidentielle, avait botté en touche, préférant laisser à FRANCOIS MITTERRAND le soin de se ridiculiser.

Mais DE GAULLE était fatigué et devenait fatigant, il fut mis en ballottage par MITTERRAND qui obtint 47% des suffrages au second tour.

Puis vint mai 68 et la révolte des étudiants contre leurs conditions d’existence.

Bien que n’ayant pas initié ce mouvement, qui était spontané, la gauche tenta de le récupérer; quelques politiciens proposèrent leurs services, le pouvoir vacillait. Mais les choses prirent un tour inattendu.

Tout d’abord, une manifestation de soutien à DE GAULLE rassembla un million de participants selon les organisateurs et …un million selon la police !

Puis, « usé, vieilli »  et désavoué par un référendum imprudent, DE GAULLE passa la main.

Les élections présidentielles qui s’ensuivirent, en 1969, ne pouvaient que sourire au candidat de la gauche. GASTON DEFFERRE, cette fois, y croyait dur comme fer. Il ne laissa pas MITTERRAND lui griller la politesse, il se présenta et recueilli…5% des suffrages ! Laissant aux deux candidats de la droite, POHER et POMPIDOU, le soin de se départager en finale.

Mais que s’était-il donc passé dans l’esprit des électeurs ?

Toujours la même chose : «  le maintien de l’ordre » et la grande peur inspirée par mai 68 qui aurait pu déstabiliser les Institutions. Ils votèrent, en masse, pour la droite représentative de la répression.

En octobre/ novembre 2005, les provocations de SARKOZY entraînèrent la révolte des banlieues. Il avait conscience de sa responsabilité dans le déclenchement des émeutes et songea à démissionner de son poste de Ministre de l’Intérieur. Mais l’action de ses flics, qu’il excellait à mettre en valeur et dont il n’hésitait pas à gonfler les résultats, lui fit gagner une popularité dont il fut le premier surpris.

Une fois de plus, les petits bourgeois se tinrent prêts à voter pour le partisan inconditionnel de la répression et du « maintien de l‘ordre » . Qui pouvait, mieux que SARKOZY, répondre à ces aspirations

Comment régler les problèmes de Société suscitant des mouvements de foule ? : la schlague !

Comment fallait-il répondre aux revendications des étudiants de mai 68 ? : la schlague !

Comment faire face au désespoir des jeunes de banlieue initiateur d’actes violents ? : la schlague on vous dit ! La schlague et rien d’autre !

Elu Président, SARKOZY va-t-il prendre à bras le corps les problèmes de Société ?

Va-t-il combattre la « fracture sociale »? Les inégalités? La pauvreté? La précarité ?

Sûrement pas ! Il est beaucoup trop malin pour ça ! A supposer qu’il y réussisse miraculeusement, il perdrait toute légitimité ! Il se contentera d’envoyer ses flics cogner ici et là sur les manifestants réclamant plus de justice, de pouvoir d’achat, d’emplois, de logements

Il se préparera, ainsi, une réélection triomphale en 2012 !

Alors? Toujours démocrate ? Bravo ! Et bon courage!

(Article écrit le 1er octobre 2007.Rien à ajouter en mai 2008)
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20 mai 2008 2 20 /05 /mai /2008 09:31

ENTRETIENS AVEC OTTO (1)

Otto m’avait raconté sa guerre d’Algérie. En tout cas ce qu’il avait envie de révéler. Nous avons continué à nous voir. J’en ai profité pour lui demander ce qu’il pensait de l’actualité.

- Vous trouvez des points communs entre les différentes guerres. Celle d’Iraq se distingue par sa brièveté, le succès rapide de l’armée américaine.

- Considérer que la guerre d’Iraq est terminée serait très optimiste ! Pourtant les Américains disposaient du soutien implicite d’au moins 60% de la population, les Chiites, sans compter les Kurdes. Tous subissaient une dictature soutenue par la seule minorité sunnite, ils auraient dû être reconnaissants aux Américains de les en débarrasser.

- Pourquoi ne l’ont-ils pas été ?

- Ayant battu leur armée à plate couture, les Américains considéraient les Iraquiens, dans leur ensemble, comme des vaincus devant se soumettre à la volonté des vainqueurs.

- Le mythe de la race supérieure !

- Complété par le mépris des ethnies locales et de leur ancienne civilisation. S’ils les avaient considérés comme des égaux, ils leur auraient laissé la responsabilité de se réorganiser politiquement comme bon leur semblait et ils ne se seraient pas ingérés dans leur Économie. Ils seraient devenus des partenaires privilégiés des Iraquiens sans leur forcer la main.

- Mais il y avait le pétrole !

- Il ne faut pas oublier qu’à travers Bush, ce sont les pétroliers et les intégristes religieux qui dictent la politique américaine. Les pétroliers ne pouvaient pas laisser échapper le pactole constitué par l’exploitation des ressources pétrolières de l’Iraq.

- Ca compense le coût de la guerre ?

- Parfois, on entend parler des sommes astronomiques dépensées par les contribuables américains pour le maintien de leurs troupes en Iraq. Jamais on ne fait allusion aux profits faramineux dégagés par leurs pétroliers dans ce même pays.

- Les dollars sortent de la poche gauche de l’oncle Sam pour revenir dans sa poche droite !

- C’est à peu près ça, sauf que les deux poches ne font pas partie du même costume…

- C’est la raison de l’impopularité des Américains en Iraq ?

- Ce n’est pas la seule. Après la défaite de leur armée, les Iraquiens ont été soumis à la dictature de l’occupant. Ils n’ont pas changé de régime, ils sont passés d’une dictature nationale à une dictature étrangère. Ils se sont réorganisés pour attaquer les Américains et leurs collaborateurs.

- Un mot dont on peut retrancher les deux dernières syllabes !

- En effet, c’est plus parlant !

- Devant la résistance iraquienne, l’obsession du renseignement, commune à toutes les armées, a repris les Américains. Il fallait savoir où se cachaient les rebelles, leur effectif, leur armement et d’où il provenait, les informations habituelles.

- C’est la raison de Guantanamo ?

- Entre autres lieux «d’information». À Bagdad même, il y avait la prison d’Abou Grabi avec une nouveauté : une femme se complaisant à l’exercice de sévices sexuels sur des prisonniers. Une pratique particulièrement humiliante pour des Musulmans.

- Les intégristes religieux américains n’ont-ils pas cherché à les convertir ?

- Ils y ont sûrement pensé mais les conditions ne s’y sont jamais tellement prêtées…En revanche, une autre idée puérile est venue à l’esprit des Américains, de Bush peut-être ? Convertir les Iraquiens à la démocratie !

- Un système dont ils ne sont pas les meilleurs représentants !

- Et que les Iraquiens considèrent comme une curiosité occidentale incompatible avec leurs traditions.

- Comment voyez-vous la fin de la guerre d’Iraq ?

- Dans un futur lointain, ça dépendra du remplaçant de Bush ou de l’un de ses successeurs.

Bientôt les Américains vont voter pour élire un nouveau Président, s’ils choisissent le candidat républicain et va-t-en-guerre McCain - ils en sont bien capables - ils vont reprendre pour quatre à huit ans de guerre en Iraq ! McCain les a prévenus au cours de sa campagne électorale : Il enverra les « boys » se faire tuer ou estropier en Iraq « jusqu’à la victoire finale » Comme Bush, cet individu n’est pas suffisamment évolué pour comprendre, qu’au 21ème siècle, la colonisation d’un pays de la taille de l’Iraq ne peut être pérenne (durable).

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17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 10:29

LA GUERRE ( Conclusion )

 

- Les méthodes de renseignement, les tortures, n’ont pas empêché la France de perdre la guerre !

- Pas du tout, après huit ans de combat la guerre était gagnée ! Les organisations du F.L.N. étaient démantelées, ses pertes étaient considérables, en grande partie grâce au renseignement.

- Alors pourquoi abandonner la partie ?

- Le divorce entre les deux communautés était consommé. Il n’était plus question de concessions. La totalité des Algériens s’était ralliée aux indépendantistes.

- Sauf les harkis !

- Aux yeux de leurs compatriotes, les harkis s’étaient trop compromis avec l’armée française. Pour eux, il était trop tard pour changer de camp. Ils l’ont payé de leur vie pour la plupart.

De Gaulle n’avait pas le choix, affronter la réprobation internationale en chassant dix millions d’Algériens de leur pays était impensable, il ne lui restait plus qu’à « rapatrier » un million de Pieds-noirs.

- Finalement, même sans l’O.A.S., les Pieds-noirs auraient fui l’Algérie ?

- Sûrement, la seule différence c’est qu’ils auraient pu négocier au moins une partie de leurs biens au lieu de les abandonner et d’embarquer avec la seule valise que leur recommandait l’O.A.S.

- Pourtant ils avaient vécu en plus ou moins bonne intelligence avec les Algériens pendant cent trente ans !

- La guerre avait changé la donne, elle ne s’était pas contentée d’opposer l’armée française aux rebelles, les civils avaient été fortement impliqués.

- Par les méthodes de « renseignement » ?

- Et aussi par les exactions de l’armée française. Depuis peu, la télévision nous montre des images, tournées à l’époque, d’exécutions sommaires de civils qui, à priori, n’avaient rien à se reprocher. Il y a eu aussi les attentats de l’O.A.S.

- Qui répondaient à ceux du F.L.N. !

- La violence engendre la violence, c’est bien connu. Au bout du compte, on ne sait plus quels sont les actes qui ont déclenché le processus ni quels en sont les responsables. Nous en avons une illustration actuelle dans les relations entre Palestiniens et Israéliens depuis plus de cinquante ans.

- Grâce à l’armée, la cohabitation était devenue impossible !

- L’armée obéissait aux ordres. Quels étaient les responsables ? On en connaît un, le Général Aussaresses, il y en a d’autres.

- Au lieu de l’abandonner, on aurait pu partager l’Algérie : les grandes villes aux Pieds-noirs,

- A l’époque, on y a pensé mais on a vite renoncé à cette idée car irréaliste pour plusieurs raisons.

- L’opposition des Algériens ?

- Il aurait fallu maintenir une force militaire importante afin de les dissuader d’entreprendre la reconquête de leurs grandes villes.

C’était aussi un non-sens économique. Les Pieds-noirs auraient dû vivre sous perfusion de la métropole pour un coût astronomique.

Enfin, politiquement, l’O.A.S. aurait pris le contrôle de ces petits restes de l’Algérie française avec le risque de les voir faire tache d’huile sur la métropole.

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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 10:32

 

LA GUERRE (3)

 

- Nous en étions restés aux méthodes de renseignement, en quoi consistaient-elles ?

- Quand les soldats de l’armée régulière revenaient de leurs « opérations » ils ramenaient souvent des prisonniers. Ce n’étaient jamais des combattants. Ceux-là connaissaient le sort qui les attendaient en cas de capture: l’exécution après d’horribles sévices. Pour eux, mieux valait périr les armes à la main ! Les prisonniers étaient de pauvres bougres qui s’étaient laissés surprendre par l’arrivée des militaires alors qu’ils s’occupaient des travaux agricoles ou que, dans leur mechta, ils aidaient leur femme à préparer le repas familial.

- Alors pourquoi les faire prisonniers ?

- Ils avaient forcément des contacts avec les rebelles. Ils les ravitaillaient de gré ou de force, ils connaissaient leur effectif, leur armement et leurs caches.

- Ils racontaient volontiers ce qu’ils savaient ?

- Pas vraiment mais ils étaient remis aux gendarmes qui connaissaient les techniques propres à favoriser les bavardages…

- C’était quoi ?

- La gégène branchée sur les testicules, la baignoire entre autres joyeusetés !

- La torture ! Je croyais qu’elle n’était pratiquée que dans des cas particuliers !

- Elle était généralisée. En métropole, les autorités l’ont nié pendant des dizaines d’années jusqu’à ce qu’un certain général Aussaresses en fasse l’aveu sous forme de revendication mais, en Algérie, c’était le secret de Polichinelle ! Tout le monde était au courant, si j’ose dire…La population algérienne connaissait les attributions des gendarmes, ce qui ne les rendait pas très populaires et expliquait leur peur des représailles sous forme d’embuscade. C’était d’autant plus ridicule que nous savions très bien comment celles-ci se déroulaient. Les gendarmes ne pouvaient pas l’ignorer.

- Comment ça se passait ?

- Les rebelles se cachaient au bord de la route. L’un des leurs, tireur d’élite, se postait sur une éminence. Il tuait le conducteur du véhicule d’une balle dans la tête et celui-ci allait se répandre dans la nature. Ses occupants étaient massacrés avant d’avoir pu esquisser le moindre geste de défense. Ils étaient dépouillés de leurs tenues militaires, délestés de leurs armes et les assaillants disparaissaient dans la campagne longtemps avant l’arrivée des renforts.

- « Dieu que la guerre est jolie » comme aurait dit Jacques Prévert !

- Le processus était si imparable que, tous les matins, pour descendre en ville, je prenais mon arme de service, un fusil américain « Garant » datant de la seconde guerre mondiale.

Si je ne l’avais pas fait, j’aurais sûrement fait l’objet d’un rappel à l’ordre; je prenais aussi mes cartouchières mais elles étaient vides. Les munitions restaient à la tête de mon lit dans la caisse en bois qui me servait de table de nuit. Je savais que, quoi qu’il arrive, je n’en aurai pas besoin.

- Vous n’aviez pas peur ?

- Non, j’avais vingt ans et ma situation personnelle était moins dramatique que ce à quoi je m’attendais en débarquant.

- Mais comment se fait-il, qu’à l’époque, l’usage de la torture ait été ignoré des métropolitains, aucun des militaires qui y ont été confrontés n’en a parlé ?

- Les militaires ont certaines caractéristiques en commun : la première, la mutité. Pour un Aussaresses, il y a un million de muets.

- Autrefois, on appelait l’armée : « la grande muette »

- Un qualificatif loin d’être usurpé !

Exceptionnellement, je serai ici samedi, je vous raconterai la fin.

- A demain.

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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 10:09

LA GUERRE (2)

- Quelques mois après notre arrivée à Tizi-Ouzou, changement de décor.

Nous l’apprendrons en y arrivant, nous prenions la direction des environs d’Azazga, une autre ville de Kabylie. Un secteur peu enthousiasmant, une trentaine de kilomètres avant notre arrivée, nous prenons une petite route de montagne. Tous les poteaux téléphoniques ou électriques, qui longent la route, sont couchés par terre. Ils ont été coupés, la nuit précédente, par les fellaghas afin de perturber les communications de l’armée.

Sachant que, dès le lendemain matin, je reprendrai cette route pour aller chercher le courrier, ce n’est pas très encourageant…

Mais nous approchons de nos campements disséminés sur des « pitons » de la montagne kabyle

Le logement du service courrier est prévu dans une ferme dont les occupants légitimes ont été priés de déguerpir.

Nous allons partager les lieux avec des gendarmes métropolitains déjà présents depuis un certain temps.

- Qu’étaient devenus les fermiers ?

- Je ne l’ai jamais su.

- Et les gendarmes que faisaient-ils sur un piton kabyle ? Leur statut ne leur garantit-il pas un logement de fonction qu’ils occupent avec leur famille ?

- Les gendarmes sont des militaires. Comme tels, ils devaient faire une partie de leur service en Algérie. Comme en métropole, la plupart était logée dans des gendarmeries, en ville, avec femme et enfants. Ceux avec qui je cohabitais étaient tous célibataires sans charge de famille.

- Et leur mission ? Je suppose qu’ils ne faisaient pas de contrôles de vitesse ?

- Ni de mesures du taux d’alcoolémie. Les voitures civiles ne sortaient pas des villes, les routes étaient trop dangereuses. Elles étaient empruntées, uniquement, par des véhicules militaires circulant, le plus souvent, en convoi pour réduire les risques.

- Alors que faisaient-ils ?

- Du renseignement, c’était leur mission principale aussi bien en ville qu’à la campagne.

- Ca consistait en quoi ?

- J’ allais bientôt l’apprendre mais, dès le lendemain de notre arrivée, première descente en ville toujours dans la camionnette bâchée mais en compagnie de quelques gendarmes qui assuraient le même service courrier pour leur brigade.

- Vous voyagiez sous la protection des gendarmes !

- Une protection dont nous nous serions volontiers passés !

Dès le départ, je fus surpris par leur attitude. Les bâches étant relevées, ils scrutaient la 

campagne, le doigt sur la gâchette de leur arme, le teint blême. Manifestement ils étaient morts de trouille ! Des grands garçons comme ça ! Pensais-je à part moi - le plus jeune devait être mon aîné de dix ans - Ressentir des peurs de fillette effarouchée, est-ce bien raisonnable ?

Je n’allais pas tarder à connaître la raison de leurs craintes, elle venait de leur mission.

- Le renseignement ?

- C’est cela

- En quoi ça consistait ?

- Je vous le raconterai demain.

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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 09:39

LA GUERRE (1)

 

 

Nous n’avions plus besoin de nous faire des politesses. Nous reprenions l’entretien comme s’il n’avait pas été interrompu.

- Dès mon arrivée en Algérie, je me portais volontaire pour faire partie du service courrier « vaguemestre » en langage militaire.

Nous formions une équipe de trois copains appelés dont un sous-off (maréchal des logis).

J’étais soulagé, je n’aurai pas à me battre contre des gens dont je comprenais les revendications. Mon état mental et physique s’améliora aussitôt.

- En quoi consistaient les missions des militaires français en Algérie ?

- Partir à la recherche des rebelles, le plus souvent sur renseignements, tenter de les exterminer si on les avait trouvés, organiser des embuscades et éviter de tomber dans celles tendues par l’adversaire. C’était ce qu’on appelait : « les opérations ».

- Et votre travail ?

- Avec mes deux collègues et un chauffeur, nous partions en camionnette de bon matin pour le B.P.M. (Bureau Postal Militaire) de la ville la plus proche, quarante à cinquante kilomètres. Après avoir trié le courrier, nous le rapportions aux campements, ils étaient plusieurs répartis dans la campagne. Le sous-off payait les mandats, mon autre copain, d’une constitution assez frêle, distribuait les lettres, moi, plus costaud, les colis.

J’étais moi-même un bon client pour les colis dans notre première implantation près de Tizi-Ouzou en Kabylie. Quand nous revenions du B.P.M., l’heure du déjeuner était passée. Les cuistots m’avaient gardé ma part dans une gamelle non couverte. Quand je m’en saisissais, je dérangeais de nombreuses mouches bleues qui avaient commencé leur repas sans m’attendre.

J’allais directement de la cuisine, à ciel ouvert, à la décharge située à la limite du camp, suivi par les mouches qui pouvaient enfin poursuivre leur festin en compagnie de leurs nombreuses congénères qui n’avaient pas jugé utile de se déplacer jusqu’à la cuisine.

J’avais donc demandé à mes parents de m’envoyer des colis de nourriture.

J’agrémentais les sardines à l’huile et le pâté de foie, reçus régulièrement, avec des biscuits achetés au Foyer.

Ce régime me permit de perdre, aussi vite que je les avais pris, mes dix kilos de surpoids.

- Vous n’êtes pas toujours resté à Tizi-Ouzou ?

- Non, l’un des principes de ce genre de guerre c’est la mobilité. Il ne faut pas que l’adversaire soit trop bien renseigné sur l’effectif, l’armement du régiment en présence. Les unités effectuaient de fréquentes permutations.

Demain, je vous raconterai notre déplacement à Azazga, toujours en Kabylie.

- A demain !

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